En 1973, six femmes et cinq hommes tentés par l’expérience, embarquent sur un radeau et sillonnent à son bord, cent un jours durant, l’Océan Atlantique. Ils sont les cobayes volontaires d’une expérience scientifique visant à étudier les origines de dérapages de comportement, de l’attraction sexuelle de l’être humain évoluant en groupe et en vase clos dans des conditions de promiscuité et de non regard extérieur et de non contrainte. Quarante cinq ans plus, les survivants reviennent sur cette aventure hors du commun. « L’Alcali », la maison sur l’eau où a eu lieu l’expérience est un radeau de 12 mètres sur 7 et tout sépare les personnes qui constituent le groupe : nationalité, religion, personnalité, origine sociale….

Depuis les Canaries jusqu’au Mexique, cette équipée, à l’initiative du chercheur Santiago Genoves a été imaginée pour étudier au plus près les mécanismes de l’agressivité et de l’attraction sexuelle..
Les femmes ont été placées à des postes-clés pensant que l’attribution des postes de pouvoir à celles-ci serait un facteur de tension supplémentaire. La suédoise Mara est désignée comme le capitaine de l’Alcali et responsable de la survie de chacun. Servane, la française est la femme-grenouille seule à pouvoir intervenir en cas d’avarie. La jeune israélienne est le médecin à bord. S’ajoutent deux américaines, une bibliothécaire française, un photographe japonais, un prêtre angolais, un restaurateur britannique et un anthropologue uruguayen.

Pendant le périple, les participants sont soumis à un questionnaire quotidien où ils doivent faire le point sur leur degré d’agressivité et d’attirance sexuelle et mentionner les menus événements intimes et privés qui ont jalonné leur journée.

Cinéma : The raft
Cinéma : The raft

Pourtant, le dispositif mis en place par Santiago Genoves ne produira pas les résultats escomptés. Malgré les conditions extrêmes dans lesquelles s’est déroulé le voyage, la violence et les rivalités sexuelles n’ont pas été de mise. Le changement de cap des objectifs de l’expérience et les élans mégalomaniaques du chercheur vont le rendre de plus en plus trouble aux yeux des participants qui, au fil des jours, semblent prendre de la distance avec le projet initial.

Reste l’expérience personnelle de chacun et le bénéfice qu’il aura tiré du dépassement de soi, des épreuves traversées, de la qualité des échanges humains, de la révélation d’affinités.

Sans doute plus que l’expérience elle-même, ce sont les retrouvailles quarante ans plus tard de ceux qui ont partagé ces trois mois dans l’Océan Atlantique à bord du radeau qui intéressent.
Le retour sur les objectifs premiers du chercheur et sur le souvenir des échanges qui se sont produits entre les participants l’emportent nettement sur l’expérience.

Il importe peu, finalement que l’expérience ait été un succès ou un échec….

Francis Dubois


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