Un homme toujours assis à la même table du même café voit s’asseoir en face de lui des hommes et des femmes venus se confier. Cet homme a la réputation d’exaucer le vœu de chacun en échange d’un défi à relever et à force de rencontres, s’établit entre lui et ses visiteurs une familiarité confiante qui tisse les fils d’intrigues aussi douces que menaçantes. Jusqu’où ces personnes attachées à leur désir seront-elles capables d’aller pour voir leur vœu se réaliser ?

A partir de 2010, Paolo Genovese connaît comme réalisateur une période particulièrement fructueuse avec des comédies très réussies, couronnées par de nombreuses récompenses et qui sont aussi d’énormes succès au box office italien.

«  The place  » est son dixième long métrage.

Cinéma : The place
Cinéma : The place

Pour Paolo Génovese la question « Que sommes-nous prêts à faire pour obtenir ce que nous désirons » est de plus en plus d’actualité. Et son film incite à nous juger nous mêmes et à porter un regard sur notre sens moral.

« The place  » s’inspire d’une série télévisée constituée d’épisodes très brefs.

L’habitude veut qu’on fasse plutôt des séries à partir de films mais Paolo Genovese a été amené à faire le contraire en introduisant un arc dramatique et des fins qui n’existaient pas dans la série.

« The place » est-il un récit métaphysique, un essai philosophique ou comme préfère le définir Paolo Gevonese, un récit laïc avec une forte composante spirituelle ?

Chacun des onze personnages du film (10 visiteurs et le meneur de jeu) a son propre contour et se place au centre de sa propre histoire par exigence personnelle (l’aveugle qui veut recouvrer la vue) ou pour le sauvetage de quelqu’un qui lui est proche (le père qui veut sauver son fils).

Le récit donne peu d’indications sur le personnage du consultant qui est d’un bout à l’autre une présence énigmatique entre devin, gourou et âme généreuse. Est-il l’incarnation du diable ou le révélateur du monstre qui serait en chacun de nous ?

Si, aucune définition n’est livrée, c’est pour que chaque spectateur ait sa propre réponse.

Paolo Genovese reprend au compte du récit une phrase de Dostoïevski qui dit : « Il n’y a rien de plus fascinant que de voir sur le visage d’un homme la lutte entre le bien et la mal »

Et si le réalisateur utilise le gros plan, c’est sans doute qu’il a jugé nécessaire de filmer au plus près le visage des personnages pour rendre de la manière la plus profonde possible une lutte entre le bien et le mal. Comme si la caméra cherchait à entrer dans dans le crâne de ces personnages, à lire dans leurs pensées.

Le film commence mieux qu’il ne s’achève. Le défilé des visiteurs, le face à face de cet homme énigmatique avec chacun des personnages qu’on découvre avec intérêt maintient dans un état de curiosité. Mais lorsque les histoires se mettent à s’entrecroiser et que le récit vire presque au thriller, on découvre le mécanisme d’une répétitivité qui vire à l’ennui.

L’interprétation est superbe avec en tête, la performance magistrale de Valerio Mastandrea qui ,à défaut de bouger, n’a qu’un outil à sa disposition : le jeu du regard…

Francis Dubois


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