Oven, un homme marié israélien vivant à Jérusalem, entretient une liaison avec Thomas, un jeune pâtissier allemand. Ils se rencontrent à chacun des séjours qu’Oven fait à Berlin pour son travail.

Cette liaison totalement clandestine est complètement intégrée à la vie des deux hommes que sont Thomas le pâtissier et Oven, père de famille et mari irréprochable.

Pourtant tout à coup, Oven cesse de donner des nouvelles à Thomas qui va apprendre au bout de plusieurs semaines, que son amant a péri dans un accident de voiture.

Désemparé et isolé dans son chagrin, Thomas prend la décision de faire le voyage jusqu’à Jérusalem. Là, il rentre en contact avec Anat, la veuve d’Oven qui tient un petit restaurant dans le centre de la ville. Il parvient à se faire embaucher dans l’établissement avant de s’y rendre indispensable et de contribuer, avec ses pâtisseries inventives, au succès d’un restaurant qui, jusque là végétait un peu. Sans révéler qui il est, Thomas se plonge chaque jour un peu plus, dans la vie d’Anat.

Cinéma : The cakemaker
Cinéma : The cakemaker

Ofir Raul Gaiser s’est inspiré de la vie d’un homme de sa connaissance marié et père de famille qui entretenait des liaisons avec des hommes. Lorsqu’il a appris la mort de l’homme, il a voulu réaliser un film sur sa veuve, cette femme qui a vécu une double tragédie : la perte de ce mari aimant dont elle était amoureuse et la découvert de sa trahison pendant des années.

La question qu’il voulait aborder était de savoir comment on pouvait faire le deuil d’un personne qui a trahi, comment revenir point par point sur un passé qui était jusque là apparu comme heureux et irréprochable.

Dans le film il aborde la question selon différents points de vue et notamment celui de l’amant clandestin à qui il est, dans les circonstances, impossible de réaliser son deuil.

Ofir Raul Gaiser souhaitait que les deux personnages puissent échanger, qu’une complicité les réunisse.

Et le lieu témoin de ce rapprochement est ici la cuisine du restaurant.

Il a réalisé, autour de ce sujet, un récit dont la structure ne sépare jamais les deux mondes différents que sont celui de la jeune femme et de son employé, mais qui devient la ligne médiatrice de l’histoire de chacun.

En passant de Thomas à Anat et de l’un et l’autre, à travers ses expériences d’amour entrecroisées, le récit perd les ambiguïtés d’un sujet sulfureux pour gagner progressivement en limpidité et rapprocher de façon naturelle un homme et une femme à la recherche d’amour à partir d’un amour perdu.

Chaque flash-back apporte un nouveau détail narratif et donne une nouvelle facette à une histoire qui prend alors, à chaque fois, une signification différente.

Ofir Raul Gaiser, et surtout dans la première partie de son film, jongle avec des ellipses. La virtuosité avec laquelle il organise ces vides narratifs contribue à apporter un voile de pudeur nécessaire à un récit qui aurait pu sombrer dans le scabreux.

Sarah Adler est une magnifique comédienne (déjà vue dans «Foxtrot »). Elle contribue largement à la réussite du film en donnant au personnage coupé en deux d’ Anat autant de sensibilité que de force et de détermination.

Francis Dubois


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