Dom est marin pêcheur en haute mer. Il ne revient à terre que par intermittence et a du mal à concilier son métier et le suivi de ses deux enfants adolescents dont il a la garde depuis un divorce récent.
Dom s’efforce malgré tout de rester un père à la hauteur de ses responsabilités. Il caresse le projet d’avoir sa propre affaire, un petit bateau de pêche à la journée qu’il exploiterait avec son fils qui semble avoir le désir de suivre la même trace professionnelle que son père.
Les choses vont vaille que vaille jusqu’au jour où Maylis qui n’a que seize ans, se retrouve enceinte et qu’on décèle des anomalies graves chez le bébé qu’elle porte depuis trop de semaines pour envisager une IVG.
Dom pourra-t-il se rendre disponible pour accompagner sa fille dans l’épreuve d’un accouchement thérapeutique ?
Samuel avait réalisé en 2008, « L’apprenti » sur les rapports père-fils qui s’établissaient entre un patron agriculteur souffrant de solitude et un jeune garçon qui effectuait une formation en alternance dans sa ferme.
En 2013 c’était « Comme un lion « , l’histoire d’un adolescent africain à qui on fait miroiter une carrière de footballeur en France.
La particularité de « Tempête » tient au fait que Samuel Colladey soit parti de l’histoire vécue d’une famille qu’il a fait interpréter dans le film par les vraies personnes.
Lorsqu’il a rencontré Dom, celui-ci vivait avec son fils Mattéo dans une maison qu’il restaurait à ses moments perdus. Sa fille Maylis, à la suite d’une grossesse interrompue, était en froid avec son père. Il avait comme projet d’acheter son propre bateau de pêche et d’abandonner les sorties en haute mer.
Pour cela, comme dans le scénario, il s’était inscrit à l’école des pêches afin d’obtenir son diplôme de patron et, privé de revenus réguliers, vivait provisoirement de petits boulots.
On peut très bien, sans être renseigné sur la part des séquences inspirées de faits authentiques, repérer les rajouts que les scénaristes ont opérés pour des raisons dramaturgiques.
Ils résonnent différemment et quelquefois, chargent un peu trop le récit et alourdissent l’histoire de cet homme pris dans une spirale où il se défend avec force tout en laissant ici et là apparaitre une fragilité.
Samuel Collardey apporte le même soin à son personnage principal (magistral Dominique Leborgne qui, vierge de toute expérience d’acteur, a remporté des prix d’interprétation dans deux festivals) qu’aux personnages secondaires.
Spontanéité des protagonistes à revivre leur histoire devant la caméra ou savante direction « d’acteurs », le résultat est stupéfiant.
La tempête est celle qu’essuie parfois l’embarcation en haute mer. Elle est également dans le bouleversement qui secoue cette famille comme une autre, dans le contexte social de notre début de millénaire.
L’ampleur de la réalisation avec les scènes maritimes impressionnantes, voisine avec l’intimité de certaines séquences bouleversantes, des tête-à-tête, des rapprochements et des déchirements éprouvants.
« Tempête » est un film audacieux dans sa démarche de départ, une réussite à tout point de vue.
Francis Dubois
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