Salam, la trentaine, vit à Jérusalem. Il est palestinien et stagiaire sur la célèbre série télévisée arabe «  Tel Aviv on fire » . Un jour, Salam est arrêté par un officier israélien, qui se trouve être un fan de la série à succès. Pour se tirer d’affaire, Salam prétend qu’il en est le scénariste . Pris au piège de son mensonge, il va se voir imposer par l’officier Assi d’écrire un nouveau scénario.
Bien entendu, rien ne se passe comme prévu…

Cinéma : Tel Aviv on fire
Cinéma : Tel Aviv on fire

Curieux film que ce «  Tel Aviv on fire  » qui répond aux codes de la comédie (personnage décalé et situations drôles pouvant aller jusqu’au burlesque) dans un contexte grave et douloureux mais qui n’adopte jamais le rythme inhérent au genre cinématographique comique, qui adopte au contraire, un rythme lent qui n’exploite jamais le potentiel humoristique des situations et semble constamment modérer le jeu des comédiens dans ce sens.

On s’interroge dans un premier temps sur les raisons de cette lenteur jusqu’à soupçonner la mise en scène de traîner la patte, de laisser trop paresser le film.

Mais au bout d’une quinzaine de minutes, on découvre que cette lenteur est un choix délibéré du réalisateur et qu’il parvient, en maintenant son film dans ce registre, avec cette tonalité reconduite, à un juste milieu entre la drôlerie des situations et des personnages et en arrière plan du récit, la complexité de la situation au Moyen Orient, un état des lieux de la vie des palestiniens confrontés quotidiennement à la menace, aux interdits et à la répression.

Le film demeure dans cette tonalité à la fois confortable et dérangeante, installant le récit dans une atmosphère singulière tour à tour celle oppressante du drame, du quotidien ordinaire et des règles de la survie.

Le tournage d’un film (en occurrence ici celui d’une série télévisée à succès) rejoint par la complexité de sa fabrication celle de la vie des différents acteurs du récit pris dans la réalité politique du conflit et dans ses contradictions.

Et le film démontre que dans les situations les plus absurdes, dans les conditions les plus menaçantes, il reste une place pour la vie, pour les fonctionnements les plus futiles où l’être le plus menacé dans son lendemain peut puiser son énergie de dernière chance.

« Tel Aviv on fire » est un film dont le charme et la portée politique se découvrent une fois qu’on est entré de plain-pied dans sa tonalité originale et sa façon de livrer sa portée politique.

Francis Dubois


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