Dans la bourgade des Pyrénées où il vit Teddy, vingt ans, un orphelin qui a été élevé par son parrain n’est pas toujours bien perçu par les villageois. C’est un garçon au comportement parfois étrange, imprévisible, La menace des loups dans la région partage les habitants. Si le prédateur a ses défenseurs, il attise souvent la colère. On peut rapprocher la sympathie ou le rejet qu’il inspire au sentiment que suscite Teddy dans son voisinage. Alors que Teddy travaille dans un salon de massage, sa petite amie Rebecca qui prépare son baccalauréat semble promise à un bel avenir. Pour le jeune couple, un été ordinaire s’annonce jusqu’au soir de pleine lune où Teddy est griffé par une bête inconnue. Dès lors le jeune garçon est pris de curieuses pulsions animales.

Déjà à l’époque où il était lycéen, Zoran Bovkherma avait en tête de réaliser un film, ceci sans avoir la moindre idée de ce en quoi consistait l’aventure et sans avoir la moindre connaissance ne fut-ce de ce qu’était le maniement d’une caméra. Il avait écrit seul un projet qui ne le satisfaisait pas, qu’il fit lire à son frère Ludovic avant d’entreprendre avec lui un travail en commun. Leur association est vite apparue fructueuse. Dès lors une collaboration s’est imposée. Piqué au jeu du cinéma, Zoran s’inscrit alors à l’École de la Cité créée par Luc Besson et c’est là que la réalisation d’un film devient une réalité. Le premier film qu’il tourne est un court métrage avec Christine Gauthier (l’interprète du rôle de Rebecca dans « Teddy »). Elle y joue une jeune fille qui, pour rompre avec l’ennui, s’identifie à un Loup-Garou. Le sujet du court métrage donne aux deux frères l’idée d’écrire un scénario de long métrage autour de cet animal et le thème du Loup-Garou avec lequel ils se sont familiarisés s’impose. En choisissant le thème du loup qui divise beaucoup les habitants de la région, un décor de montagne s’impose et permet au scénario, avec le glissement vers le Loup-Garou, de se partager entre traitement réaliste et univers du conte fantastique.

Le loup est détesté pas une partie des villageois de la même façon qu’à cause de son comportement imprévisible, Teddy peut susciter autant l’attirance que le rejet.

Le film des frères Bovkherma trouve entre réalisme et surnaturel en même temps que sa tonalité, un équilibre pour installer, sans jamais forcer le trait, un climat général envoûtant.

Le récit prend tout son volume avec le thème du Loup-Garou, un sujet rarement abordé dans le cinéma français, la juxtaposition très aboutie du réalisme et du fantastique mais surtout avec la présence du jeune comédien, qui avait déjà fait merveille dans « La prière »de Cédric Kahn, qui apporte au personnage de Teddy en même temps que la force et la détermination, une ambiguïté où transparaît une profonde fragilité. Une réalisation remarquée dans de nombreux festivals dont celui de Berlin qui a valu à Anthony Bajon un prix d’interprétation précoce et mérité.

Une œuvre originale, forte et totalement aboutie.

Francis Dubois

« Teddy » un film de Ludovic et Zoran Bovkherma. Sortie en salles le 30 juin.


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