En 2013, le typhon Yolanda a dévasté la ville de Tacloban aux Philippines. Les rescapés ont été relogés dans une « ville de tentes » dont le point central est l’échoppe de Bebeth, une femme de quarante ans qui a perdu dans la catastrophe une partie de ses enfants.

Comme Larry qui a perdu sa femme ou Erwin qui a perdu ses parents, Bebeth tente de surmonter son deuil, les calamités qui surviennent, en s’accrochant à sa foi en dieu, son dévouement aux autres et peut-être l’espoir fou de se dire que les êtres chers sont peut-être encore en vie.

Cinéma : taklub
Cinéma : taklub

Le film de Brillante Mendoza s’ouvre sur l’incendie d’une tente dans le campement de fortune au cours duquel six personnes de la même famille périssent carbonisées.

L’intervention des voisins n’aura pas suffi à maitriser l’incendie à temps mais il persiste autour de la nature généreuse de Bebeth et de sa fillette, la seule de ses enfants à avoir échappé au tsunami, autour de l’échoppe, un bel élan de solidarité.

Traité comme un documentaire le film de Brillante Mendoza amène cependant les acteurs qui jouent dans le film à se fondre dans la réalité des événements : celle à laquelle sont confrontées les personnes qui ont réellement dû faire face à la catastrophe et à ses conséquences.

L’image est d’autant plus réaliste que le tournage s’est effectué sur les lieux mêmes du drame.

Le cadre subjectif montre, pendant le générique, avec une succession de plans, l’ampleur des ravages et les épreuves auxquelles fut confrontée une population qui a mis de côté toute forme d’émotion pour mieux vivre et survivre une fois de plus.

Au décor authentique s’ajoutent le réalisme des costumes qui sont tous des vêtements qui ont été trouvés sur les lieux.

La photo souvent sombre crée l’atmosphère de cet enfermement à ciel ouvert où les dangers sont multiples depuis l’orage qui éclate et dont on craint qu’il ne donne lieu à un nouveau tsunami jusqu’aux simples aboiements d’un chien qui pourraient être annonciateurs de la présence de pilleurs nocturnes.

Brillante Mendoza a longtemps hésité à s’engager dans la réalisation d’un film dont les personnages seraient les survivants dans la détresse, craignant que cette démarche ne relève de l’exploitation malsaine de l’événement.

Il a finalement accepté de réaliser ce film de commande pour montrer les qualités exceptionnelles des Philippins, leur résilience, leur capacité à aller de l’avant malgré la tragédie et à raconter leur histoire avec honnêteté

En axant son récit autour du typhon et de ses ravages et en y greffant quelques portraits attachants d’hommes et de femmes qui tentent de garder la tête hors de l’eau, le metteur en scène philippin

fait référence au drame récent qu’on sait mais les histoires existentielles qui constituent son récit ont aussi valeur universelle.

Un film d’une grande cruauté où brillent cependant de petites lueurs d’espoir comme les signes de la force de la vie, malgré tout.

Francis Dubois


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