Yoav, un jeune israélien, après avoir été un militaire d’élite, a fait le choix de quitter Israël et de venir vivre en France avec l’espoir que son pays d’adoption et la langue française le sauveront de la folie de son pays.

«  Synonymes  » est directement inspiré de la vie de Nadav Lapid à son arrivée à Paris au début des années 2000 mais il faudra lui pardonner les deux raisons avouées qui lui ont fait choisir cette destination : son admiration pour Napoléon et celle qu’il voue à Zidane …

Dès son arrivée dans la capitale française, il a voulu rompre tous ses liens avec les israéliens et abandonner la pratique de l’hébreu pour se plonger dans l’exercice de la langue française et la lecture obsessionnelle d’un dictionnaire français.

A l’occasion d’un incident survenu au moment de son arrivée à Paris à la suite duquel Yoav s’est retrouvé nu comme un ver dans un escalier d’immeuble, il fait la connaissance d’un couple de jeunes parisiens dilettantes avec qui se tissent des liens d’amitié : Émile qui écrit des livres sans la conviction d’un vrai romancier et Caroline qui joue du hautbois dans un orchestre d’arrondissement.

Ils vivent de l’air du temps et subissent l’un et l’autre le charme indéniable de Yoav.

En réponse aux générosités amicales et financières d’Émile, Yoav fera don à son nouvel ami de certains épisodes saillants de sa vie en Israël avec, entre autres, ceux qui ont trait à ses exploits militaires afin d’aider son ami à retrouver le mécanisme de l’écriture.

Cinéma : Synonymes
Cinéma : Synonymes

La suite du film est le développement assez confus et techniquement maniéré de ces données de départ.

On attend dès lors beaucoup de la démarche qu’a entreprise Yoav, les raisons de son renoncement à son pays d’origine, son intérêt pour son pays d’adoption, ce qu’il va en faire dès lors qu’il sera sorti de la période de vaches maigres qui le relègue dans un minuscule appartement sans le moindre confort où il prépare chaque jour le même frugal repas.

On attend également les suites de sa rencontre avec Émile qui brûle d’amitié pour lui et avec Caroline en dehors du fait qu’elle en fait finalement son amant.

Mais l’engouement de Yoav pour la langue française, les ressources de la vie parisienne, ses découvertes, sa curiosité tournent vite court peut-être parce que son identification, lorsqu’il était enfant, à l’Hector de la mythologie l ‘entraîne sur la pente des perdants et sur l’idée que la mort est plus forte de l’héroïsme.

Son choix de préférer la référence à la mythologie grecque plutôt que la bible – qui aurait été le choix naturel d’un israélien – est la position d’un outsider.

L’histoire de Yoav, et de sa parenthèse « franco parisienne » aurait été passionnante, touchante si Nadav Lapid n’avait opté pour un traitement de l’image maniéré, une caméra sautillante, un certain nombre de concessions à une sophistication narrative, à cette tendance à filmer les personnages de dos, une nudité qui, à force d’être montrée, ne se justifie plus.

Un dispositif narratif sophistiqué auquel il faut ajouter l’étiolement au fur et à mesure du récit, des personnages d’Émile et de Caroline dont on attendait plus, une confusion de la forme finissant par occuper le devant du film et à submerger ce que «  Synonyme s » nous avait promis.

Mais la critique est unanime en faveur du film et «  Synonymes » a obtenu l’ « Ours d’Or » à Berlin….

Francis Dubois


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