Sarajevo, novembre 1992, quelques jours après le début du siège.

Le reporter de guerre Paul Marchand, au péril de sa vie, nous plonge au sein d’un combat fratricide qui se déroule dans un fracas permanent, inhumain et quotidiennement meurtrier sous le regard indifférent de la communauté internationale.

Entre son objectivité de journaliste témoin, le sentiment d’impuissance et un sens profond du devoir, face à l’horreur, Paul Marchand s’engage et se positionne.

Le siège de Sarajevo aura duré du 5 avril 1992 au 29 février 1996 . Plus de 12 000 personnes ont succombé et on a récencé plus de 50 000 blessés dans cette cuvette encerclée par plus de 800 positions serbes avec une moyenne de plus de 300 impacts d’obus par jour.

Cinéma : Sympathie pour le diable
Cinéma : Sympathie pour le diable

Paul Marchand arrive à Sarajevo en juin 1992 comme freelance pour les journaux radios et télés francophones d’Europe et du Canada. Par ses actions audacieuses, ses prises de risque, ses articles chocs, son positionnement moral par rapport au conflit, il a bousculé les conventions.

En promenant sa silhouette élégante sous les obus et les balles sifflantes des tireurs embusqués, il a l’impression en agissant, de pouvoir influencer un monde qui joue la politique de l’autruche et que l’indifférence générale calfeutre.

Guillaume de Fontenay a été choqué par l’apathie collective face à cette guerre, ce siège médiéval aux portes de l’Europe. Il a rencontré Paul Marchand par l’intermédiaire du journal de Radio Canada. En 1997, il lit «  Sympathie pour le diable  », un livre coup de poing dont il veut faire une adaptation.

Sa première idée a été d’écrire une pièce de théâtre sur le sujet. Puis l’idée est venue d’en faire un film. Le film qui en a résulté relaie l’histoire du siège de Sarajevo avec humilité, fidélité mais aussi une certaine pudeur. Il montre l’extrême cruauté de cette guerre fratricide, l’acharnement aveugle, mais il trouve une respiration en alternant les scènes insoutenables, les images inhumaines avec des moments plus légers.

Par sa mise en scène, le metteur en scène a rendu le film sensoriel et humain possible. La lumière est désaturée pour rendre l’oppression que dégage Sarajevo en hiver, alors qu’elle est à feu et à sang, vidée de toute trace d’humanité.

«  Sympathie pour le diable  » est un film choc, violent, cru mais pudique qui évite autant que possible le sang mais qui devient insupportable quand il le faut.

Niels Schneider restitue au personnage de Paul son charisme et son côté dandy, cette apparente et totale maîtrise de soi et du contexte. Vincent Rotthiers, acteur physique et sanguin interprète le personnage du photographe coéquipier de Paul. Dans un rôle légèrement en retrait, il exprime toute la puissance de l’audace, cette part de courage extrême et d’inconscience nécessaire pour ce type de mission.

Francis Dubois


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