A Mumbai, l’inspecteur de police Joshi souffre toujours de la disparition de sa fille survenue dix années auparavant.
Il fait, la nuit, un rêve récurrent. La même ombre noire le conduit au « Paradise », un bar où des fillettes se produisent sur scène devant des adultes.
Joshi qui enquête sur la disparition d’autres enfants, espère retrouver sa fille, dont il est certain qu’elle est toujours vivante, un jour parmi eux.
Enfant, le metteur en scène a été l’objet d’une tentative d’enlèvement avortée. Le souvenir de l’événement l’a longtemps poursuivi, puis il a fini par oublier.
Jusqu’au jour où, passant devant un commissariat, il a assisté à une manifestation silencieuse qui regroupait des personnes portant des pancartes sur lesquelles on voyait les visages souriants d’enfants qui avaient disparu.
Si la terrible réalité donne le chiffre d’au moins cinquante mille disparitions d’enfants en Inde chaque année, Partho Sen-Gupta n’a pas réalisé un film réaliste sur le sujet.
« Sunrise » est le voyage émotionnel d’un père désespéré à la recherche de sa fille disparue selon un tracé narratif non linéaire qui multiplie les pistes non seulement dans le déroulement du récit qui oscille sans cesse entre la réalité, les rêves et les fantasmes de Joshi, mais joue sur différentes atmosphères à la faveur d’un travail permanent sur les lumières.
C’est peut-être dans le monde imaginaire qu’il pénètre, que Joshi trouvera réparation et justice, un monde dont il peut, de cette façon, devenir le héros justicier, celui qui viendrait à bout des méchants et finirait par retrouver sa fille.
Partant de l’idée qu’à un certain degré de la douleur, l’être humain est capable de prendre ses désirs pour des réalités et de ne plus faire la part de ce qui relève du réel ou du fantasme, il construit un « objet cinématographique » qui repose sur une utilisation magnifique des lumières et sur le rideau ininterrompu de pluie qui inonde les décors et les personnages et dont se dégage, un sentiment d’oppression, de suffocation.
Partho Sen-Gupta aurait pris le parti de l’esthétisme au détriment d’un traitement lisible du sujet s’il n’avait confié à son personnage principal, interprété par le comédien de théâtre Adil Hussain, la responsabilité de restituer sa part de réalisme au récit, par une palette de jeu très dense.
En l’absence de dialogues, la musique minimaliste d’Eryck Abécassis devient un élément essentiel du récit en prise directe avec les mouvements de caméra, le son et le jeu des acteurs.
A voir.
Francis Dubois
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