Liliane a connu autrefois un succès éphémère en participant au concours de chansons de l’Eurovision.

Aujourd’hui elle serait totalement tombée dans l’oubli si sa route n’avait croisé celle de Jean, un jeune homme dont les parents ont gardé un souvenir tenace de son passage sur le petit écran et de sa brève notoriété qui a suivi.

Elle est devenue ouvrière dans une usine de pâtés où Jean, qui par ailleurs dispute des combats de boxe, a été engagé comme manutentionnaire.

Malgré une différence d’âge sensible, Jean tombe amoureux de cette ancienne vedette oubliée et il va tenter de la convaincre de se lancer dans une seconde carrière.

Lorsque Liliane succombant au charme naïf de Jean accepte de se produire à nouveau sur une scène, le jeune homme bien qu’inexpérimenté, devient son manager.

Cinéma : Souvenir
Cinéma : Souvenir

Que deviennent ceux qui ont été un temps dans la lumière et qui, tout à coup, se retrouvent dans l’ombre et l’anonymat ?

«  Souvenir  » est à la fois une histoire d’amour possible entre un très jeune homme et une quadragénaire abîmée par la vie et une métaphore de la célébrité.

Dans la toute première partie du film, Bavo Defurme expose ses deux personnages et les situations qui les définissent avec une rigueur chirurgicale, une précision presque glacée.

Liliane dans l’isolement, la solitude d’une vie qu’elle partage entre les gestes automatiques qu’elle effectue pour agrémenter avec une pincée de baies rouges et trois feuilles de laurier, chacune des terrines qui passe devant elle et le rituel répétitif et étriqué dans l’intimité de son appartement plutôt cossu, vestige de la période faste qu’elle a connue.

Jean qui partage une existence terne entre les exigences familiales puisqu’il vit toujours avec ses parents et les séances d’entraînement sur un ring.

Ces deux existences sonnent creux jusqu’au moment de la rencontre vécue de façon fougueuse et impatiente du côté de Jean, avec méfiance puis prudence, du côté de Liliane.

Tout l’art de la mise en scène de Bavo Defurme réside dans la façon qu’il a de tourner à l’avantage du récit tout ce qui le menaçait d’angélisme ou de ridicule.

Sa façon de traiter de façon frontale le mélodrame virant au conte de fée moderne évite au récit tous les écueils.

Son film poursuit deux cheminements à priori peu compatibles. D’un côté il dresse un constat social à partir de ses deux personnages qui ont les deux pieds sur terre et de l’autre, il joue avec un récit presque féerique.

L’affiche du film est due aux deux photographes Pierre et Gilles spécialistes de sujets englobés dans des enluminures. Elle est la parfaite illustration de ce mélo flamboyant.

Francis Dubois


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