Le groupe Madagascar All Stars composé des six plus grands noms de la musique malgache est rodé aux scènes internationales, mais fortement attaché à la culture du pays.

C’est par cet attachement à ses valeurs et dans un esprit de fidélité aux musiques traditionnelles que, réunis, les musiciens créent un «son» pour Madagascar et se mobilisent avec un bel enthousiasme pour défendre les ressources naturelles de leur île natale.

Filmé à une seule caméra et avec très peu de commentaires, la caméra de «Songs for Madagascar » les accompagne dans l’intimité de la création, au plus près de la musique en train de s’inventer et se fait le témoin de leur enthousiasmante vitalité

Cinéma : Songs for Madagascar
Cinéma : Songs for Madagascar

«Songs for Madagascar » est le deuxième film que Cesar Paes tourne à Madagascar depuis «Mahaleo» en 2005. Entre temps, il y a eu «L’opéra du bout du monde» en 2012, qui racontait l’histoire des premiers habitants de l’Île de la Réunion, venus du Sud de Madagascar au XVIIe siècle.

Le groupe Mahaleo qui a vu le jour en 1972, au moment des soulèvements étudiants qui ont abouti à la fin du régime néo-colonialiste de Philibert Tsiranana, a perdu deux des siens, Raoul en 2010 et Nono en 2014. Il existe toujours et Dama Mahaleo qui en est le pilier et reste très proche de « Madagascar All stars » et partie prenante de ce groupe dans le cadre d’un collectif ouvert réunissant les grands noms de la musique malgache.

Dama, Régis Givazo, EricManana, Justin Vali, Marius Fenoamby et Olombelo Ricky ont, pendant sept jours, du matin au soir et parfois toute la nuit, composé, arrangé les paroles et les musiques de l’album «Masoala» du nom de la forêt au nord-est de Madagascar menacée par le trafic de bois de rose. Ils prennent, face à la caméra, un plaisir évident à jouer les musiques les uns des autres, à écouter leur chanson interprétées par un autre.

On voit les chansons se créer au fur et à mesure et l’alchimie entre ces artistes pourtant originaires de régions différentes de l’île, chacun avec son parler, ses rythmes, se fait avec évidence et beaucoup de spontanéité.

Les chansons du groupe parlent autant d’amour que de social et le film se fait volontiers documentaire, en accord avec les textes et les musiciens qui racontent face caméra comment leur travail peut s’inspirer du vécu populaire malgache.

Le film de Cesar Paes s’attache beaucoup plus à montrer le plaisir des musiciens, leur enthousiasme, l’expression de leur joie à interpréter leurs compositions, qu’à finaliser leur travail et à l’effet d’apogée souvent utilisé en documentaire.

Le film est un témoignage. C’est une réflexion sur les enjeux plutôt qu’un film sur le enjeux eux-mêmes ou sur l’aboutissement du travail de répétitions.

L’apogée de «Songs of Mada ga scar » est plutôt qu’un spectacle final, le moment où les musiciens rencontrent ceux qui sont devenus des paysans sans terre, qui reboisent la forêt originelle le jour et se battent la nuit contre les incendies.

Un film réjouissant à la gloire d’une passion partagée et d’un art de vivre.

Francis Dubois


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