Au début des années 80 Liyun et Yao Jun forment une couple heureux. Tandis que le régime chinois vient de mettre en place la politique de l’enfant unique, un événement tragique survient qui va bouleverser leur vie. Pendant quarante ans, alors qu’ils tentent de renaître à la vie, leur destin va s’entrelacer avec celui de la Chine contemporaine.

En 2011, le gouvernement abandonne la politique de l’enfant unique et c’est ce changement imprévisible de politique qui a déclenché chez Wang Xiao Shuai l’idée de «  So long my son  » qui relève à la fois de la grande fresque historique et politique et du mélodrame familial, passant de la peinture sociale à la vie intime.

Cinéma : So long my son
Cinéma : So long my son

Car, alors que deux générations antérieures à celle relatée dans le film ont connu une économie planifiée et ont baigné dans un système d’une seule idéologie, une prise de conscience des jeunes générations a légèrement modifié les mentalités, tendant à privilégier avec une différence de conception de vie, un épanouissement personnel.

Mais le pays ne s’est dans les faits, jamais complètement éloigné de la primauté du collectif sur l’individuel.

L’abandon de la politique de l’enfant unique n’a pas déclenché, alors qu’il s’agissait d’un point important d’un retour à la liberté de chacun, l’enthousiasme attendu ni occasionné de débats.

Le film de Wang Xiao Shuai commence avec l’élément déclencheur du récit, la mort accidentelle de l’enfant du couple composé par Liyun et Yao Jun que tout oppose à un autre couple resté lui, très attaché à la politique du parti et à ses règles.

Il se poursuit à travers des sauts dans le temps qui permettent après une ellipse de retrouver le couple, dix ans plus tard avec un enfant adolescent difficile.

Le film s’engage alors définitivement dans une structure non linéaire et met en place un suspense qui livre le spectateur à d’incessantes interrogations .

En filmant de loin la scène de l’accident de l’enfant, le réalisateur adopte un point de vue légèrement en retrait qui apporte un regard calme et apaisé en totale opposition avec la douloureuse réalité que vivent les protagonistes.

Un montage avec des ellipses enjambant plusieurs décennies, des flashback, des changements de lieux et d’époque construisent le récit à la façon d’un puzzle dont au départ on ne sait comment aborder la multitudes de pièces.

Le réalisateur fait confiance à la capacité du spectateur pour s’orienter tout seul dans le labyrinthe spatial et temporel du film.

Les deux acteurs principaux Jin-Chun Wang et Mei Yong (Tous deux prix d’interprétation à la Berlinade) ont été choisis par le réalisateur parce que, appartenant à la génération des cinquante ans, ils ont eux mêmes vécu la période racontée dans le film et leur travail d’acteurs reposait en plus du jeu dramatique, sur leur propre ressenti de cette période et de la politique de l’enfant unique.

Un film magique qui, comme par un coup de baguette, passe de l’enchevêtrement narratif à une limpidité totale.

Francis Dubois


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