A quinze ans, Liz, skieuse prometteuse a été admise au sein de la prestigieuse section Ski études du Lycée de Bourg Saint Maurice. Fred, un ancien champion est l’entraîneur du groupe d’adolescents auquel elle appartient. Les qualités sportives de Liz n’ont pas échappé au coach qui va tout miser sur elle et amener l’adolescente à donner le maximum. La force des relations qui s’établissent entre eux vont les amener à se rapprocher dangereusement et à aller au-delà des limites des rapports maître-élève…Sur le sujet attendu de cette attirance coupable, Charlène Favier a réalisé un film qui échappe aux clichés, une œuvre personnelle qui doit beaucoup à une mise en scène à la fois frontale et pudique et à des interprètes dont le jeu à la fois heurté et sensible fait merveille.

Même s’il existe des similitudes entre sa propre adolescence et le personnage de Liz, Charlène Favier s’est éloignée du récit autobiographique. Dès le début de l’écriture du scénario, elle prend soin d’établir une distance entre la réalité et la fiction et brouille les pistes. C’est pourtant sur le sujet de l’abus sexuel dans le milieu du sport que repose le socle dramatique du film. Si l’histoire se situe dans le cadre d’une spécialité sportive différente de celle que pratiquait la réalisatrice adolescente, c’est que le choix de la montagne offrait un cadre vaste et d’une grande beauté.

Le sujet de son film se développe autour de l’ambiguïté des rapports qui peuvent s’établir dans le cadre d’une activité sportive très physique mettant face à face une adolescente qui s’éveille à la sexualité et un adulte qui, bien que rôdé à la présence d’adolescentes à ses côtés, est  peu  préparé à connaître une telle attirance. Une admiration réciproque sert de déclencheur. Pour Liz c’est une admiration pour un homme accompli, maître dans le discipline pour laquelle elle a de l’ambition. Pour Fred, Liz est celle qui a assez de volonté pour aller au bout de ses ambitions.

La progression dramatique du récit est solidement construite. Le film bénéficie d’un décor de montagnes magnifiquement filmé et d’un casting éblouissant de justesse, de rudesse et de sensibilité.

Jérémie Renier, découvert en 1996 à 15 ans dans « La promesse » des Frères Dardenne, aurait pu développer une carrière autour de son physique. Une solidité et une maturité de jeu acquises au fil de sa carrière ont fait de lui plus vingt-sept ans plus tard, une valeur sûre du cinéma d’auteur avec une fidélité marquée pour des cinéastes tels que François Ozon ou les frères Dardenne.

Face à lui, une débutante prometteuse. Il émane de Noée Abita une force, une détermination, un charisme qui lui ouvriront certainement les portes d’une belle carrière.

On retrouve dans un rôle secondaire, Marie Denarnaud trop rare au cinéma qui fut remarquée en même temps que Laura Smet dans « Les corps impatients » de Xavier Giannoli en 2003.

« Slalom » est un film magnifique, vaste, généreux et d’une belle sensibilité.

Francis Dubois

« Slalom » Un film de Charlène Favier (France Belgique) sortie en salles le 15 Décembre 2020


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu