Liwei arrivé clandestinement de Croatie, abandonne volontairement son jeune frère de 13 ans dans le hall d’une petite gare en lui recommandant d’aller remettre au guichetier un papier où il est écrit « Je suis seul, aidez-moi ». Le garçon sera pris en charge par les services sociaux, scolarisé et pourra envisager de rester en France

Monsieur Zhou est retrouvé étendu comme tombé du ciel sur un trottoir de Belleville. Il était à la recherche de sa femme Gine, mystérieusement disparue. Il est secouru par Liwei et tous deux seront aidés par Anna, une prostituée qui a mis le grappin sur un vieux célibataire français qu’elle a le projet d’épouser par intérêt.

Liwei est amoureux d’une douce jeune chinoise qui voudrait vivre avec lui. Mais quel avenir aurait-elle avec un sans-papiers voué à l’errance…Il l’abandonne, la mort dans l’âme.

Cinéma : Shanghai Belleville
Cinéma : Shanghai Belleville

Avant de devenir cinéaste, Show-Chun Lee a étudié l’anthropologie. Ces études que la cinéaste a complétées par un passage au Studio National des Arts contemporains du Fresnoy l’ont aidée dans son travail de préparation et d’écriture du scénario.

A la longue période d’observation ayant fourni une récolte d’informations sur les personnes rencontrées et leur histoire a fait suite un travail de réflexion sur ces hommes et ces femmes avec pour objectif le mise en perspective de toutes leurs particularités et sensibilités.

Il fallait par la suite, trouver une forme de mise en scène qui soit capable d’exprimer le ressenti relatif aux contacts et de traduire les différents univers.

Dans «  Shanghai Belleville « , la communauté chinoise parisienne apparaît comme un mythe contemporain.

Le film n’est pas un reportage-fiction. Il prend souvent la forme d’un conte. Et c’est peut-être par ce choix que permet le cinéma en tant que médium mythologique, qu’il convenait d’aborder un sujet rarement traité au cinéma par les réalisateurs français, celui des clandestins à l’intérieur de la communauté chinoise.

Le film de Show-Chun Lee fait se croiser plusieurs destins et s’autorise une grande liberté narrative éclatée, s’opposant à la linéarité qui caractérise le cinéma occidental rompu au centrage d’une intrigue autour de deux ou trois personnages.

Pour la cinéaste, le cinéma est une fenêtre par laquelle les spectateurs ne voient que ce qui s’y passe. Or, pour elle, les personnages existaient avant d’entrer dans le cadre et leur vie se poursuivra après leur passage dans l’ouverture visible.

De plus, la linéarité n’est pas la caractéristique du parcours des clandestins.

Celui-ci est beaucoup plus imprévisible, incertain.

Les sans-papiers sont difficiles à capter sur une période longue. Ils peuvent disparaître du jour au lendemain. On peut ne plus jamais les revoir et ils peuvent ressurgir des années plus tard.

Pour eux qui sont des invisibles existant dans un monde parallèle, les sentiments et l’attachement sont un luxe qu’ils ne peuvent pas se permettre.

Les bribes d’histoires de chacun qui nous sont données à voir dans le film, reflètent, la précarité, l’instabilité où vivent ces individus.

La forme du film surprendra peut-être car si «  Shanghai Belleville  » se déroule le plus souvent dans le domaine du réalisme, il s’autorise des moments le lyrisme et parfois même, le recours à des séquences oniriques et à des apparitions de fantômes…

Une œuvre singulière, attachante, qui traite sous un angle nouveau, dans une forme particulière, la clandestinité au sein de la communauté chinoise parisienne mal connue.

Francis Dubois


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