un avenir proche, le Japon va être aux prises avec les attaques terroristes de ses centrales nucléaires. Les menaces d’irradiation provoquent l’exode des populations vers les états voisins.

Tania, une ressortissante d’Afrique du Sud, atteinte d’une grave maladie, attend son ordre d’évacuation dans une petite maison isolée dans les montagnes.

Leona, son androïde de première génération que lui a offert son père, veille sur elle.

Toutes deux deviennent les derniers témoins d’un Japon qui meurt à petit feu, que désertent ses habitants évacués par ordre de priorité selon des critères discriminatoires.

Mais bientôt, l’effroi cède la place à la poésie et à la beauté.

Cinéma : Sayonara
Cinéma : Sayonara

Avec ce film le plus souvent contemplatif, de la lenteur duquel se dégage une atmosphère à la fois pesante et poétique, Koji Fukada traite de trois sujets à la fois universels et touchant à l’actualité japonaise.

En premier, celui des centrales nucléaires, de la prise de conscience, après Fukushima et pour le pays, d’avoir bâti son succès économique sur un progrès technologique qui contenait la potentialité de sa destruction.

En second, traité en filigrane, la question du statut des immigrés au Japon.

Le troisième sujet abordé, plus introspectif, moins sociétal est celui de la mort. Tania et son robot- confident s’acheminent vers elle en résonance avec un monde qui s’achève et dont elles risquent d’être les derniers témoins.

Sur ce dernier point, le film s’inspire de la pièce «Sayonara» du dramaturge Oriza Hirata, figure de proue du théâtre contemporain japonais.

Dans la pièce très courte, une comédienne et un androïde se faisaient face. Un robot qui ne sait pas comment on meurt et une jeune femme qui sait qu’elle va mourir.

Dans le film, cette confrontation à laquelle s’ajoutent épisodiquement d’autres rares personnages, baigne dans des décors au premier abord idylliques, beaux et bucoliques dont se dégage une atmosphère crépusculaire de fin du monde.

S’il n’y a pas de mystère sur la nature du robot et s’il semble humain et peut parvenir à susciter l’empathie, une image progressivement déformée rend ambiguë la frontière entre l’humaine et l’androïde.

Koji Fukada affirme que son film ne relève pas, malgré les apparences, du domaine de la science fiction et que son histoire n’est pas tant une histoire de demain qu’une histoire d’aujourd’hui.

Sommes-nous destinés à être assistés d’un robot en cas de besoin d’une assistance ?

Le réalisateur dresse un portrait sombre et désespéré d’un avenir proche où les progrès technologiques compenseront les défaillances humaines qui s’annoncent avec la mutations des sentiments et des relations humaines.

Passionnant par sa forme languissante et fascinante, « Sayonara» laisse rêveur su le fond… Rêveur pour affronter l’angoisse du futur.

Francis Dubois


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