Jorge est un boxeur professionnellement sur le déclin. Il est au chômage, endetté, et sa femme menace de le quitter et de quitter le Portugal pour aller vivre au Brésil avec leur fils.

Le récit se situe dans un pays au bord de la faillite où les sociétés de recouvrement, profitant de la situation, sont en plein essor et où les escroqueries battent leur plein.

Sans travail, pris à la gorge par son endettement, Jorge décide d’offrir ses services à l’une d’entre elles, bien qu’il ne soit pas en accord avec leurs méthodes crapuleuses.

Cinéma : Saint-Georges
Cinéma : Saint-Georges

L’idée du film est le résultat d’une enquête conduite pendant deux années sur l’une des périodes les plus sombres de l’histoire récente du Portugal, au plus gros de la crise économique que le pays a connue.

Des salaires bloqués, de nombreux licenciements ont eu des répercussions financières désastreuses sur de nombreuses familles engagées dans des remboursements de prêts, des engagements divers.

Le niveau d’endettement a atteint des sommets et la crise a eu de graves répercussions jusqu’ à mettre en péril certaines familles dans leur intimité.

La film de Marco Matins fonctionne autour du personnage de Jorge, chômeur de longue date, vivant hors de sa famille dans un foyer à Lisbonne.

Mais l’arrière plan social lié à la crise que traverse le pays, apporte à « Saint-Georges» un aspect documentaire très précis sur les retombées, les abus qui en découlent, sur l’exploitation des familles prises à la gorge et offertes à toutes les solutions qui pourraient porter remède à des situations critiques.

Le film dénonce les méthodes inhumaines et parfois cruelles des sociétés de recouvrement dont les agissements ajoutent de la misère à la misère aux victimes invisibles de la crises.

Autour de Jorge, tout s’effondre et il tente de se battre contre une fatalité. Mais ce quadragénaire est un personnage naïf, peu préparé pour faire face à tout ce qui l’accable.

En acceptant de travailler pour une société de recouvrement, il est amené à mettre en demeure de rembourser des individus qui se trouvent être dans la même situation que lui.

Il n’est capable d’aucune stratégie et les seuls atouts dont il dispose sont sa force physique et ses qualités de boxeur.

Or, Jorge est un non-violent…

Marco Martins s’appuie sur une forme documentaire brute et réaliste et sur une fiction proche du néo-réalisme.

Il a travaillé majoritairement avec des acteurs non-professionnels et il a créé un espace où les acteurs peuvent coexister avec des habitants locaux, des boxeurs et avec des personnes victimes de la crise et lourdement endettées.

Des séances d’improvisation ont permis d’immerger les acteurs dans les univers de la boxe et des sociétés de recouvrement.

Le choix des lieux, un travail sur les lumières, une caméra charnelle, proche des corps, le jeu sobre des comédiens créent des atmosphères oppressantes excluant toute complaisance de mise en scène et la moindre trace d’esthétisme.

Une œuvre puissante, fortement engagée, parfaitement aboutie…..

Francis Dubois


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