Chaque année, Bruno fils d’éleveur, parcourt la route des vins sans quitter l’enceinte du Salon de l’Agriculture. Une route bien arrosée qu’il parcourt en potache attardé, en compagnie de son ami Thierry.

Son père Jean qui est, cette année, venu présenter son taureau champion Nabuchodonosor, décide de l’amener faire la vraie route des vins dans le but de se rapprocher de ce fils qui a pris ses distances.

Ce périple se fera à bord d’un taxi piloté par le jeune Mike qui, très vite, va « faire équipe  » avec le duo père-fils.

La virée à haut risque entre cuvées et belles rencontres finira en compagnie de Vénus, une femme presqu’irréelle qui personnifiera l’amour que chacun des trois hommes, pour des raisons différentes, avait perdu de vue….

Cinéma : Saint-Amour
Cinéma : Saint-Amour

Même si « Saint Amour  » est plus ouvertement tendre que les films précédents réalisés par le duo Delèpine-Kerven, il reste, dans son déroulement, fidèle à une « marque de fabrique » jouant sur une originalité d’inspiration, un rythme déjanté et des personnages singuliers.

La complicité évidente qui unit Depardieu et Poelvoorde aux deux réalisateurs qui n’en sont pas à leur première « aventure » professionnelle est lisible en filigrane du récit.

Vincent Lacoste se glisse avec simplicité dans l’univers des compères réalisateurs et Céline Sallette irradie avec une partition qui, bien que brève, apporte au film sa vraie et définitive tonalité.

Les trois compères font preuve d’une désinvolture et d’un appétit de vivre de pure façade puisqu’ils sont en réalité livrés à ce qui pèse lourd sur leurs vies : un deuil irréparable pour l’un, une souffrance affective pour l’autre et pour le troisième, un secret profond.

Car «  Saint Amour  » n’est pas seulement un film d’acteurs. C’est au second plan, une promenade mélancolique portée sur un passé qui entrave l’énergie de chacun et l’immobilise dans une sorte d’ornière dont il ne peut (ne veut) pas sortir. Une sorte de piège consenti.

La route qu’ils empruntent ne sera pas seulement celle des vins mais celles de rencontres fugitives avec des femmes qui les préparent à la rencontre essentielle qui les attend.

On reconnaît dans des silhouettes souvent très furtives, Izïa Higelin qui, le temps de deux ou trois répliques donne un personnage complet, Ana Girardot pour une double apparition burlesque, Chiara Mastroianni ou Andréa Ferréol en étoiles filantes savoureuses.

Delépine et Kerven sont des farceurs-potaches de talent. Ils aiment leurs personnages et leurs acteurs complices. Et cette tendresse se ressent, cet amour dont ils ont l’air de se défendre pour fuir toute sensiblerie.

Le rôle du chauffeur de taxi était à l’origine destiné à Michel Houellebecq.

Pour des raisons liées à des événements survenus au moment du tournage du film, il a dû y renoncer. Même si Vincent Lacoste s’acquitte de sa partition avec talent, une simple apparition de l’écrivain en tenancier de chambres d’hôtes improbable donne à rêver…

Bien qu’il adopte le ton de la comédie, que les dialogues soient le plus souvent drôles, «  Saint Amour » laisse, après consommation, un arrière-goût d’amertume délectable.

Francis Dubois


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