Vincent Machot mène une vie terne et toute tracée qu’il partage entre le salon de coiffure hérité de son père, son cousin spécialisé dans des aventures avec des femmes mariées, son chat, une mère intrusive et une histoire d’amour en fin de course.

Mais la vie réserve parfois des surprises.

Quand il croise Rosalie, une épicière de quartier, il est persuadé de la connaître mais où l’aurait-il déjà vue ?

Pour lever le mystère, il décide de suivre cette femme qui, au fur et à mesure qu’il lui emboîte le pas, se charge de mystère

Jusqu’au jour où, ayant débusqué la filature dont elle est l’objet, Rosalie Blum décide de renverser la situation et de faire suivre le jeune homme par sa jolie jeune nièce.

Une mission qui devient vite passionnante et pour laquelle elle est flanquée de ses deux copines inénarrables et de son hurluberlu colocataire.

Cinéma : Rosalie Blum
Cinéma : Rosalie Blum

Dès les premiers plans du film, le portrait du personnage et le décor sont dressés. Il suffit de voir Vincent à son réveil, face à son chat dont on comprend qu’il a une grande importance dans sa vie pour que la solitude saute aux yeux.

Il suffit de le voir, chevauchant son vélo à la recherche d’une épicerie ouverte un dimanche en début d’après-midi pour faire connaissance avec la ville de province sans surprise dont le récit distillera le potentiel d’ennui.

Et pourtant, il va suffire à Vincent d’un simple regard échangé avec une inconnue pour qu’il sorte de l’ornière des habitudes et trouve un nouveau sens à sa vie.

Sur cette idée de départ de la rencontre de deux solitudes, Julien Rappeneau a réalisé un joli film, mélancolique dont la poésie s’accorde avec toutes les facettes contrastées du scénario.

Il n’évite pas les clichés. Il en fait son affaire, l’affaire de ses interprètes, du décor pas si languissant au fond, de l’apparition insoupçonnée de jeunes personnes imaginatives et drôles et le sujet, au lieu de se vautrer dans une légendaire médiocrité provinciale devient une fantaisie mais une fantaisie qui, aussi débridée qu’elle puisse être, ne se démarque jamais d’un léger voile de mélancolie, sentinelle de drames souterrains.

Une mère intrusive qui vit à l’étage au-dessus, qui s’invite ou téléphone à son fils à tout bout de champ, voilà qui n’est pas neuf. Mais cette femme a, dans son jardin secret, un monde de marionnettes et surtout elle est interprétée avec une belle distanciation par une Anémone devenue trop rare. Un cousin sûr de soi, coq de village que les maris cocus attendent au coin de la rue. Une jouvencelle en rupture de projets et qui, en dépit de ses grands airs, n’attend que le grand amour et surtout, surtout, cette Rosalie Blum, personnage chatoyant brillant de mille feux éteints, sensible, belle et toute vibrante de générosité.

Le film est construit de façon astucieuse en chapitres consacrés à chaque personnage du récit de telle sorte que le point de vue de chacun vient compléter les « blancs » ou éclairer sur des faits restés en suspens ou dans l’ombre…

«  Rosalie Blum  » est une bien belle surprise.

Francis Dubois


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