En France, l’appareil juridique apparaît le plus souvent comme une machine infernale, opaque, mystérieuse, impersonnelle à laquelle il vaut mieux ne pas avoir à faire, qu’il vaut mieux ne pas approcher, qui a la réputation de faire d’innocents des coupables potentiels.

«  Rendre la justice » a le mérite de lever le voile sur des individus qui la composent et chez lesquels l’humain est toujours là, derrière le glacial cérémonial, le faste de certains tribunaux, la robe et l’hermine.

A travers une série de témoignages dépouillés de tout apparat, la justice, en réduisant la distance, prend dans le film de Robert Salis, visage humain.

Cinéma : Rendre la justice
Cinéma : Rendre la justice

C’est à l’occasion d’une rencontre avec le magistrat Jean-Christophe Hullin qu’est venue à Robert Salis l’idée de réaliser un film qui débarrasserait l’appareil juridique de son apparence impersonnelle et de cette impression que tout va aller en défaveur de quiconque serait amené à l’affronter.

C’est une des rares fois où un magistrat a accepté de s’impliquer dans l’écriture d’un documentaire sur le sujet.

Le film qui a résulté de cette collaboration est une réflexion sur l’acte de juger à travers le regard, les expériences et les témoignages de ceux qui ont la lourde responsabilité de juger leurs semblables et qui ont prêté serment de le faire.

L’appareil de justice fait peur comme s’il représentait pour beaucoup d’entre nous une menace possible, comme si chacun traînait à ses basques des effluves de culpabilité.

De nombreux adages populaires persistent qui contribuent à renforcer nos craintes, à reconduire notre méfiance comme « Mieux vaut ne pas avoir affaire à la justice » ou « Innocent ou coupable, quand on est dans l’engrenage, c’est du pareil au même. »

Les intervenants du film ne sont que des magistrats qui ont en leur pouvoir de soulager le cours d’une vie ou d’en mettre une partie entre parenthèses, en la faisant basculer de tel ou tel côté de la balance.

Qui sont les juges débarrassés de leurs pouvoirs en étant confrontés à un exercice de sincérité ? Comment jugent-ils ? Ont-ils des réflexes de jugement, des critères établis, des techniques précises, des arguments déjà rodés ?

Jugent-ils dans la stricte application de la loi ou, dans certains cas, peuvent-ils être amenés à l’interpréter ?

Ils sont trente-sept magistrats à intervenir face à la caméra de Robert Solis qui a opté, pour recueillir des témoignages d’une grande sincérité, pour un dispositif face caméra, une forme classique mais qui convenait à des questions-réponses même si cette fois, c’était les magistrats qui étaient questionnés.

On peut, même si on s’en félicite, de ne voir défiler dans le film de Robert Salis, des magistrats qui ont tous en commun d’être des hommes et des femmes d’une grande humanité et de beaucoup d’humilité.

A tel point qu’on peut reprocher à «  Rendre la justice  » de dresser un portrait un peu angélique de l’institution.

En vérité, Robert Salis aurait aimé avoir face à sa camera, au milieu de ses invités, un juge revêche mais aucun de ceux-là n’a souhaité se prêter au jeu…

Dans l’état, le film convient, où l’on se laisse porter par une image réconfortante et positive du système judiciaire.

Francis Dubois


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