Sandra a connu son heure de gloire après avoir été élue, il y a une dizaine d’années, Miss Pas-de-Calais. Mais l’effet éphémère de sa notoriété la renvoie aujourd’hui à une réalité douloureuse. Sans diplôme, sans perspective d’emploi, elle revient à trente ans s’installer chez une mère qui vit dans son mobile home à Boulogne sur mer.
Elle n’a d’autre choix que d’accepter un travail à la chaîne à la conserverie locale où elle est très vite obligée de repousser les avances insistantes de son chef qui se tue à la suite d’une bousculade.
Deux autres employées de la conserverie ont assisté à la scène.
Alors qu’elles s’apprêtent à appeler les secours, les trois ouvrières découvrent un sac plein de billets de banque dans le casier du mort. Un magot qu’elles décident de se partager.
C’est le point de départ d’aventures en cascades….
Le sujet n’est pas tout neuf : la découverte d’un sac de billets qui occasionne la convoitise de novices en banditisme. Mais la singularité de « Rebelles » est d’une part d’inscrire la comédie policière dans le milieu ouvrier et d’autre part d’en faire une version féminine avec des personnages d’ouvrières qui seront amenées malgré elles à s’essayer au maniement du pistolet et du fusil à canon scié. Cette féminisation des archétypes offre un pas de côté au film noir classique en bousculant les codes du genre et elle amène Allan Mauduit, en plongeant trois ouvrières peu rompues au maniement des armes dans un univers de mafieux, à réinventer les points de vue.
« Rebelles » si on se place du pont de vue du traitement du milieu ouvrier, des conditions de travail à la chaîne, des relations entre ouvrières, se démarque totalement d’un cinéma à la Ken Loach pour opter largement pour la pure comédie. On est aussi très loin des « Thelma et Louise » et autres film évoquant des épopées féminines du genre. On reste dans les limites de la comédie à la française et le film n’a d’autres prétentions que de distraire avec des rebondissements bienvenus, les poursuites en voitures, tout cela saupoudré de la candeur nécessaire des protagonistes.
Les qualités de ce film tiennent beaucoup au tracé des trois portraits de femmes : une Sandra distante qui ne cherche à attirer la sympathie ni du public ni de ses sœurs d’aventure (on sent nettement chez elle la blessure d’un échec social à la suite de sa perte de notoriété), une Nadine femme sommaire aux caractéristiques de femme forte, pleine de bon sens et une Marilyn mère célibataire, tête de linotte, spontanée et rusée….
Le film est dans la tradition de la pure comédie de divertissement. Mais ici et là, Allan Mauduit saupoudre son récit de moments d’émotion qui sont bienvenus et donnent une respiration plus nuancée à ces « Rebelles »…
Cécile de France, Yolande Moreau et Audrey Lamy composent un trio souvent savoureux.
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu