Castro a longtemps été un animateur télé adulé. Or, l’audience de son émission est aujourd’hui en chute libre et il n’est plus très sûr que cette saison achevée, il soit reconduit.

Aujourd’hui, son chauffeur Manu l’amène à une fête organisée par Nathalie, la productrice de l’émission qui vient de s’installer dans une nouvelle et luxueuse demeure.

Nathalie se trouve être la sœur d’Hélène, l’ex femme de Castro engagée dans l’humanitaire et qui voudrait bien caser dans une prochaine émission, au milieu des personnes connues invitées, une réfugiée afghane. Hélène est la seule du groupe que ce petit monde formait autrefois à être restée fidèle à ses convictions.

Cinéma : Place publique
Cinéma : Place publique

« Place publique  » est un huis clos à air libre puisque tout le film se déroule dans le somptueux parc de la propriété de Nathalie ou à proximité. Un vaste espace qui permet à la foule des personnages de se mouvoir, de se croiser, de se heurter, de s’observer, de se suspecter, de rire et de souffrir.

En apparence des personnages en liberté (on a affaire à des individus qu’aucun contrainte d’aucune sorte ne freine, ni d’ordre moral, ni d’ordre économique) mais chacun a des raisons de se sentir cadenassé par des menaces qui pourraient bien venir d’eux-mêmes.

De la foule des invités colorée, joyeuse, dans ses allées et venues entre mondanités bon-enfant, présentations et retrouvailles, se dégagent une dizaine d’individus que le récit privilégie, tous parisiens plus ou moins avoués. Autant de personnages en toute liberté mais qui sont menacés par un danger auquel ils n’étaient pas prêts : un scénario qui glisse vers «un prévisible» déconcertant et que les auteurs ont plombés dans des clichés dont ils resteront prisonniers. Ce n’est pas l’espace qui manque pour faire se mouvoir les personnages mais le manque d’imagination des scénaristes et la pauvreté des personnages

A commencer par les deux acteurs-auteurs quand ils sont confrontés aux limites que le récit leur réserve. Elle dont la bonne humeur et le dynamisme qui sont un des moteurs majeurs du rythme du film fonctionne sur une gestuelle foisonnante et un débit de paroles qui donne l’impression qu’elle dit plusieurs choses à la fois. Lui, perpétuellement inquiet et bougon comme à son habitude, cette fois-ci, en homme vieillissant viscéralement jaloux face à la coquetterie de sa nouvelle compagne.

Elle, « politiquement correcte à la va-vite » (elle a pris sous son aile une réfugiée afghane et passe pour une militante endiablée) lui, tout entier livré à sa jalousie maladive et au fait que dans le livre qu’elle vient de publier, sa fille livre à ses lecteurs qu’il n’a plus tous ses cheveux et porte une perruque.

La maîtresse de maison est à la hauteur de ce qu’on attend d’elle. Elle répète à qui veut l’entendre pour s’en convaincre, qu’elle est, dans sa nouvelle maison, à trente minutes de Paris et partage sa vie avec un homme de l’Est au charme un peu sommaire avec qui elle file cependant le parfait amour.

A eux s’ajoutent Jean-Paul, un ex d’Hélène, ancien amoureux qui semble être resté transi à son égard mais qui, au final, se sert d’elle pour qu’elle annonce à Nathalie qu’il est l’amant de sa fille de vingt ans. Il y a aussi le voisin reconverti dans la culture bio, ignare en mondanités dont la poignée de main un peu trop ferme en fait grimacer plus d’un et le nouvel amoureux d’Hélène un homme fade exagérément scrupuleux.

Un groupe de jeunes gens basanés font tâche et finiront par créer l’incident au sein de la fête, tout de suite après une farandole endiablée et l’épisode des feux de Bengale….Il ne ne manque plus dans le décor qu’une piscine pour un bain de minuit et dans le catalogue des personnages, un couple d’homosexuels….

Le vacarme de fête n’est pas du goût du voisin paysan qui se lève tôt et qui finit par se présenter, menaçant, fusil de chasse en bandoulière…

Le seul personnage (et seul comédien) qui tire son épingle du jeu et échappe au naufrage est celui de Manu, le chauffeur de Castro.

Kevin Azaïs lui apporte la sincérité, une modestie qui manquent à tous les autres.

Francis Dubois


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