Dans les années 90, Lina dix-huit ans, débarque de son Liban natal dans un Paris qui lui est inconnu, pour y faire ses études.

Elle est hébergée chez son oncle et sa tante et vient chercher en France ce qu’elle n’a jamais trouvé dans son pays : l’idée qu’elle s’est toujours faite de la liberté.

Fuyant un oncle trop « affectueux », le premier obstacle à son projet, elle se retrouve avec toute l’innocence de son âgé, confrontée seule à la grande ville.

Sa détermination à parvenir à ses fins la fera passer entre les mailles du filet et rencontrer sur son chemin tous ceux au contact de qui, amis, enseignants et amants, chacun à sa façon, lui enseigneront l’autonomie et la mettront sur le chemin de sa vie de femme.

«  A dix-huit ans, on rêve d’embrasser le monde et pas qu’un seul garçon…. »

Cinéma : peur de rien
Cinéma : peur de rien

Pour son premier long métrage tourné en France dont l’histoire s’inspire à la fois de la réalité et du fantasme du souvenir, Danielle Arbid, cinéaste confirmée, a opté pour une idée de scénario très classique : les péripéties d’une toute jeune fille livrée au meilleur et au pire de ce qui peut survenir dans un Paris à la fois accueillant et inquiétant, chaleureux et cruel.

Mais la cinéaste a, au départ, attribué des atouts à son personnage : une grande lucidité et une détermination telles qu’elle lui serviront de bouclier et seront le moyen de contourner les dangers repérables ou non qui guettent une très jeune personne livrée à elle-même, au hasard de rencontres d’autant plus formatrices qu’elles seront décevantes, cruelles ou prometteuses..

Lina aura peut-être très vite compris qu’il faut aller à la recherche de ce qu’il y a de positif dans chaque individu et elle a inconsciemment décidé qu’elle prendra chez chacun ce qu’il y a de meilleur.

Lina vogue entre les gens et les différents milieux pour découvrir qui elle est à travers qui ils sont.

L’environnement devient un miroir et les individus des révélateurs d’elle-même.

« Peur de rien  » traite à la fois d’un sujet général et d’un sujet intime.

Si le film est l’histoire de Lina, de ses tâtonnements amoureux, de ses expériences d’étudiante, de ses déambulations il est également une réflexion sociale sur les étrangers, sur la violence qu’une procédure judiciaire peut représenter pour eux quand ils en ignorent les codes.

C’est un film profondément sincère sur l’immigration vu à travers le regard à la fois candide et éprouvé d’une très jeune fille tournée vers l’avenir.

Il a une forme universelle et parle à tous les français d’origine étrangère comme à tous les adolescents qui cherchent leur place dans le monde où ils vivent.

Au plan sentimental, Lina tombera amoureuse de trois hommes très différents les uns des autres, chacun représentant une classe sociale, un univers, une désir différent, chacun participant par sa singularité d’individu, à son initiation.

«  Peur de rien  » n’est ni dans l’émotion, ni dans le sentiment. C’est un film lumineux sur le désir de se réinventer à chaque griffure de la vie, à chaque cadeau que celle-ci peut faire sachant que chaque médaille a son revers et que l’existence de chacun est ce qu’il aura su en faire.

Francis Dubois


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