Pierre, la trentaine, a repris l’élevage de vaches laitières à la suite de ses parents lorsque ceux-ci ont pris leur retraite.

Sa vie s’est organisée autour de la ferme, du dimanche en famille, de sa sœur vétérinaire dans la région avec laquelle il entretient une relation complice et de quelques amis d’enfance qui voudraient bien le voir partager plus souvent leurs moments de détente.

Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent dans le pays, Pierre découvre un matin que l’une de ses vaches est infectée.

Incapable d’envisager la perte de son cheptel, il décide de tuer et de brûler la bête malade sans rien dire.

Prenant conscience qu’il n’a en réalité, rien d’autre dans sa vie que ses vaches, il ira jusqu’au bout pour tenter d’éviter de voir décimer son troupeau…

Cinéma : Petit paysan
Cinéma : Petit paysan

Hubert Charuel est fils d’un couple de paysans dont les parents l’étaient déjà.

L’exploitation familiale a gardé la tête hors de l’eau au prix d’un travail quotidien intensif, de contraintes éprouvantes, d’une existence modeste, d’investissements et d’emprunts limités.

Mais au lieu de succéder à ses parents, Hubert Charuel, attiré très jeune par le cinéma qui était la seule distraction familiale, choisit de passer le concours d’entrée à la Fémis. Il est admis dans la section production.

Cependant, à la suite d’un accident dont sa mère a été victime, il a dû revenir à la ferme et ce retour à l’élevage a laissé chez lui de telles traces qu’il a choisi par la suite d’en faire le sujet du scénario de son premier long métrage.

Le film qui en a résulté révèle l’existence routinière mais passionnée d’un jeune homme qui consacre sa vie à ses bêtes.

La répétition des actes quotidiens, des gestes, la vie routinière trouvent leur justification dans l’ivresse et l’absence de répit d’un travail sept jours sur sept, au rythme de deux traites par jour, de l’entretien de l’étable et du matériel et du stockage des nourritures…

L’élevage laitier comme toutes les autres activités agricoles sont de véritables sacerdoces réglés par des gestes hyper-rituels.

«Petit Paysan» est l’heureuse rencontre d’une parfaite connaissance du monde paysan et d’une passion pour le cinéma et l’histoire de Pierre qui y est racontée aurait pu être celle d’Hubert Charuel si un hasard favorable, alors que peu de choses l’y prédisposaient, ne l’avait poussé à tenter le concours de la Fémis.

Il a réalisé un film rural, une production plutôt rare dans dans le paysage cinématographique avec une sensibilité et un sens du détail authentique et si tout, dans « Petit paysan», sonne si juste c’est que la ferme et l’élevage étaient pour lui des domaines familiers.

Pour s’assurer un meilleur écho avec la vérité, il a choisi de tourner dans la ferme de ses parents, d’utiliser le local de traite malgré l’exiguïté du lieu et de distribuer certains rôles à des membre de sa famille et à des amis proches.

Le père du réalisateur joue le père de Pierre, son grand père le vieux paysan, sa mère la contrôleuse laitière et les copains dans le film sont interprétés par des amis d’enfance.

Dès la séquence d’ouverture, «Petit paysan» prend ses distances avec un naturalisme où il aurait pu s’enliser. Cette séquence onirique où Pierre se retrouve pris au piège du troupeau de ses vaches laitières ne sera qu’une amorce des différentes pistes du récit.

Et si l’authenticité existe jusque dans le plus infime détail, le film peut prendre la forme d’un triller sans qu’on en soit surpris.

Avec les scènes de «meurtres» emblématiques, «Petit paysan» qui a démarré dans une atmosphère solaire bascule bientôt dans une lumière plus artificielle, industrielle.

Swan Arlaud est saisissant dans le rôle de Pierre et Sarah Giraudeau donne à Pascale, la sœur vétérinaire, autant de fragilité que d’intensité.

Un film qui ouvre sur une saison prometteuse….

Francis Dubois


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