Léa Pearl est sur le point de concourir pour le titre de Miss Heaven qui couronne les corps de femmes adeptes de musculation. Son entraîneur Al, coach en perte de vitesse, compte sur le succès de Léa pour redorer son blason et revenir sur le devant de la scène. Mais, à quelques heures de la finale, Ben, l’ex- mari de Léa réapparaît avec Joseph, l’enfant qu’ils ont eu ensemble et que Léa n’a pas revu depuis quatre ans.

Cinéma : Pearl
Cinéma : Pearl

Le père d’ Elsa Amiel était mime et très jeune, elle a fréquenté les coulisses des lieux où celui-ci se produisait. Il lui en est resté son goût pour l’expression par le corps et c’est dans cette direction qu’elle souhaitait aller en tant que réalisatrice.

C’est ainsi qu’elle a opté, pour sa première réalisation pour un personnage appartenant au monde du bodybuilding féminin.

Avec cette spécialité, elle pénètre l’univers singulier de l’apparence et de l’abnégation confronté à la limite de l’humain.

Un monde qui provoque à la fois attirance et répulsion.

Avec le personnage de Léa Pearl, Elsa Amiel a voulu travailler une histoire qui aborde une forme limite de la féminité.

Ici, Léa n’est plus uniquement ce corps modelé et huilé voué aux exigences, aux contraintes (pour atteindre le poids nécessaire pour concourir, elle doit perdre les 300 grammes que dénonce le pèse personne, subir un entraînement et un régime draconiens pour les perdre) mais une femme, une mère, un être capable d’émotions confrontée à un quotidien ordinaire.

Le sujet se prêtait à un traitement documentaire mais Elsa Amiel a souhaité sortir de ce cadre et nourrir son film d’éléments de fiction.

Très vite, des personnages et des situations narratives se sont imposés pour mieux gommer du sujet les idées reçues (ces athlètes qui ne mangent que du blanc de poulet, le trip égocentrique devant la glace ou la course à la gonflette).

Le personnage de Pearl, mère de famille frustrée s’est très vite imposé. Ont suivi celui du coach professionnellement en perte de vitesse et soucieux de remonter la pente, celui de l’ancien mari et celui de Joseph l’enfant auprès de qui Pearl doit ressusciter ses pulsions maternelles enfouies.

Les traitements en parallèle du film documentaire et d’une fiction flirtant avec les codes du mélodrame donnent au final un film d’un point de vue narratif parfaitement équilibré, solide dans les deux domaines et magnifiquement porté par une interprète au diapason de la réalisation aussi crédible dans la partie documentaire que dans la partie fiction de la réalisation.

La photographie joue également sur les deux tableaux pour ajouter une note concluante à un film qui en dépit des dangers qui guettaient, sort triomphant, passionnant et pathétique.

Un beau film sur un milieu cruel et un magnifique personnage de femme.

Francis Dubois


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