Paulina était sur le point d’entamer une brillante carrière d’avocate lorsqu’elle décide de changer totalement de cap.

Plutôt que de plaider et d’entrer dans le jeu d’une justice à laquelle elle ne croit pas (« La justice ne cherche pas la vérité quand les pauvres sont suspects. Elle cherche des coupables. »), elle opte pour l’enseignement dans les faubourgs de Posadas, un secteur déshérité du pays où la grande misère génère la violence.

En dépit de l’opposition de son père, un magistrat célèbre de gauche auquel elle reproche d’avoir des comportements en décalage avec ses idées, elle va rejoindre un poste où elle compte enseigner les droits de l’homme à de jeunes adultes dont la préoccupation première n’est pas de connaître la définition du mot « démocratie ».

Confrontée à l’hostilité de ses élèves, elle persiste cependant dans la ligne qu’elle s’est fixée.

Mais une nuit, alors qu’elle rentre à une heure tardive chez elle, elle est prise à partie et violée par des jeunes gens dont tout porte à penser qu’il y a parmi eux certains de ses élèves.

Mais pour Paulina qui finit par connaître le nom de ses agresseurs, dénoncer les coupables reviendrait à renoncer à la mission qu’elle s’est fixée.

Cédera-t-elle aux pressions de ses proches ou prendra-t-elle seule la décision finale ?

Cinéma : Paulina
Cinéma : Paulina

Dans une scène d’ouverture qui met en présence Paulina qui a décidé d’opter pour une mission militante et son père qui veut l’en dissuader, Santiago Mitre insiste sur la détermination de la jeune fille et par les propos du magistrat, sur les flottements politiques d’une bourgeoisie de gauche peu encline à mettre en pratique ses idées progressistes dès le moment où l’engagement impose une régression de rang.

Dans cette scène s’impose le personnage de la jeune fille fortement engagée dans des perspectives sociales qu’interprète avec une belle autorité Dolorès Fonzi.

Une détermination qui trouvera ses limites quand la jeune enseignante se verra confrontée à une classe constituée d’élèves sans curiosité que leurs conditions de vie misérables a cantonnés dans un refus d’apprendre et de se cultiver.

Car plutôt que de montrer la misère de façon frontale, Santiago Mitre préfère la présenter par le biais de l’inculture et une détermination négative à repousser tout ce qui pourrait, avec la réflexion, les amener à sortir d’un enlisement intellectuel et social.

L’échec de Paulina est pour elle, plus qu’une incitation à renoncer, une incitation à poursuivre sa mission.

Le scénario avait-il besoin de passer par le viol pour que la démonstration de la volonté de Paulina soit efficace ? Pas sûr.

Le viol de Paulina et tout ce qui en découle (jusqu’à la grossesse dont on ne saura jamais si la paternité revient au violeur ou au fiancé) accuse un changement de cap du récit, une sorte de digression qui donne lieu à des débordements dramatiques (l’effondrement du père) qui ne servent pas forcément le propos.

Paulina est mue par une conviction inébranlable au point de se plier à une situation étrange et intenable et qu’en dépit de la sympathie que son personnage inspire, il est difficile de la comprendre et peut-être même de suivre les sinuosités de la narration (inutilement encombrée de flash-back).

Mais il est possible que ce soit en poussant le récit jusqu’à l’extrême, que la force de Paulina dans sa détermination apparaisse totalement convaincante.

Francis Dubois


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