L’été 2016 la police chasse les réfugiés installés dans des tentes autour du métro Stalingrad. Souvent rescapés de voyages cauchemardesques, ils espèrent échapper à la guerre et aux conflits ethniques qui ravagent leur pays (Soudan, Éthiopie, Érythrée, Somalie, Guinée, Nigeria, Afghanistan, Iran) et trouver refuge en France. L’administration française révèle son imagination en leur opposant tous les obstacles administratifs dont elle a le secret. Il ne leur reste plus qu’à dormir dans la rue et pour se protéger ils se regroupent. La police intervient alors, souvent brutalement, pour les déloger et les associations n’ont que peu de moyens d’action, sinon d’être là pour témoigner et tenter d’apporter une aide d’urgence. 

Hind Meddeb documentariste franco-tuniso-marocaine, qui dit « aimer filmer du côté de ceux qui se révoltent » a réalisé ce documentaire, associée à Thim Naccache. Sa connaissance de l’arabe lui a permis de prendre le temps de discuter longuement avec les réfugiés, de leur expliquer sa démarche et de filmer ensuite avec leur accord. Les réalisateurs nous plongent dans l’âpreté du quotidien des exilés, les campements de rue, les files d’attentes interminables devant les administrations, souvent en pure perte puisque le nombre de rendez-vous journaliers est désespérément faible, les descentes de police, mais aussi la solidarité et les amitiés qui se nouent entre eux. Sous la caméra de Hind Meddeb et Thim Naccache on suit aussi la transformation du quartier avec l’afflux de ces réfugiés auxquels certains habitants apportent leur soutien. Et puis il y a la rencontre avec Souleymane Mohamad, sa colère, mais aussi et surtout ses poèmes, qu’il scande en contrepoint de la voix off qui décrypte les images défilant à l’écran. Il incarne la force de vie de ces hommes, leur capacité de résilience. On dépasse le simple documentaire sur les violences administratives et les brutalités policières, on suit des jeunes hommes capables de dépasser la cruauté de la situation par la lucidité de leurs analyses et la finesse intellectuelle et poétique de leurs écrits. On en sort plein de révolte mais aussi d’espoirs.

Micheline Rousselet

Sortie le 26 mai en salles virtuelles et en salles physiques

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