L’histoire d’Anna, la quarantaine soumise, se déroule à Naples, une ville qui s’étend sur deux niveaux : le niveau souterrain plein de catacombes, de cimetières et d’hypogées et la métropole en surface, solaire, où règne une vitalité rare.

Giuseppe M. Gaudino s’est inspiré de ce double aspect de la ville pour construire à la fois la structure de son récit et le personnage d’Anna.

Cinéma : par amour
Cinéma : par amour

Anna s’était doucement résignée. Repliée sur elle-même, fragile, elle est sujette à de fantasmes qui l’effraient, à de fréquents cauchemars qui hantent ses nuits.

Elle vit entre passé, présent et visions fantasmagoriques et quand elle est rendue à la réalité, c’est pour se retrouver face à un mari qui la terrorise et ses trois enfants à qui elle a consacré l’essentiel de sa vie de femme.

L’offre d’un travail stable à la télévision où elle se montre attentive aux autres, inventive et efficace, va l’amener à retrouver sa vitalité perdue.

Sa rencontre amoureuse avec Gigi Scaglione, vedette du petit écran va finir de la transformer mais les traumatismes profonds seront longs à d’effacer…

Les différents niveaux de la narration faisant se succéder scènes réalistes et moments oniriques donnent au récit, en même temps qu’une grande liberté de ton, une coloration contrastée, agréablement déroutante.

Ils produisent avec d’incessants passages du noir et blanc à la couleur, des plongées dans le domaine de la fantasmagorie. Le jeu contrasté de Valéria Golino, tour à tour éteinte et rayonnante, donne au film une dimension singulière et une force, sans jamais le détourner du développement de l’intrigue et d’une structure linéaire.

Giuseppe M. Gaudino s’est attaché essentiellement au personnage d’Anna et s’il brouille constamment les pistes, il fait de son héroïne une femme en progressive métamorphose. Valéria Golino peut se présenter comme une silhouette grise qui se voûte et rase les murs et subit l’existence. Elle peut être, à l’inverse une femme rayonnante, éclatante.

Le film fonctionne sur d’autres contrastes ; notamment sur des lumières qui vont de la tonalité aveuglante, pouvant saturer l’image jusqu’à la surexposition ou, au contraire, jouer sur les ombres profondes des entrailles de la ville.

Dommage que le réalisateur surcharge parfois le déroulement du récit d’éléments fantasmagoriques qui agissent (peut-être inutilement) sur le personnage d’Anna jusqu’à s’interroger sur son état mental.

Francis Dubois


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