Agriculteurs de la coopérative «Les Galline Felici» en Sicile, membres du «Bureau des questions du futur» regroupant des agronomes, des sociologues, des économistes, artisans, cultivateurs, éleveurs des Alpes Suisses et du Vorarlberg en Autriche, élus attentifs au mieux vivre de leurs administrés ou simples citoyens, tous font de la politique à partir de leur travail, mission ou mandat et se pensent un destin commun.
«Nul homme n’est une île» ( le titre du film est le premier vers d’un poème de John Donne : « Nul homme n’est une île, un tout en soi, Chaque homme fait partie du continent») est un voyage en Europe, de la Méditerranée aux Alpes, au cours duquel on rencontre des hommes et des femmes qui œuvrent à faire vivre localement l’esprit de la démocratie et à réinventer le paysage du Bon Gouvernement tel que l’avait imaginé le peintre Lorenzetti.
Le film de Dominique Marchais s’ouvre sur un long panoramique le long de la fresque de Lorenzetti dite du« bon et du mauvais gouvernement » qui semble, par la simplicité de ses motifs, renvoyer à la façon dont on pouvait regarder le monde quand on était enfant.
La fresque de Lorenzetti qui sert de fil rouge au documentaire de Dominique Marchais, montre en premier lieu une ville cernée de murailles portée à bout de bras par son Saint Patron. Une vision de la ville sans habitant ni campagne environnante.
A l’opposé et dans sa continuité, la fresque montre des travailleurs à l’œuvre, pris dans des activités de plein champ, fructueuses et laborieuses, avec en toile de fond, une campagne verdoyante et lumineuse.
En résumé, cette fresque contrastée qui montre d’une part des gens qui font de la politique à partir de leur travail et d’autre part, ceux qui font de la politique leur travail, devient, par le propos du réalisateur et à travers un certain nombre d’exemples qui l’illustrent, un plaidoyer pour un développement raisonné et solidaire possible.
Au pied de l’Etna, une coopérative lutte contre la transformation des zones agricoles en zones bétonnées. En initiant un lien solidaire entre les distributeurs et coopérateurs elle fait vivre, sur cette initiative, cent cinquante personnes.
Dans le Canton de Grisons en Suisse, un professeur d’architecture initie ses étudiants à la construction à base de matériau traditionnel en harmonie avec l’habitat local.
Expérience réussie en Autriche dans le Bregenzerwald où le bois est la principale ressource et où le regroupement de plusieurs entreprises a débouché sur la construction d’une école en bois symbolisant, avec l’inscription des enfants du voisinage, le renouveau d’un village.
Au bord du Lac de Constance, un chercheur alerte sur l’état de la planète et exhorte les populations à prendre conscience de son épuisement. Il questionne les citoyens, les implique dans des engagements simples et les incite à trouver par eux-mêmes des idées concrètes pour mieux vivre dans un monde sauf et harmonieux.
Bien sûr, ces initiatives ne vont pas avec l’air du temps et elles ne sont pas du goût d’une économie basée sur la rentabilité et le profit. Surtout quand elles atteignent leurs objectifs et « risquent » de donner des idées à de nouvelles entreprises, qu’elles tombent sous le sens et freinent la destruction consentie de la planète.
Le film de Dominique Marchais, comme beaucoup d’autres (et de plus en plus) devrait connaître une large diffusion et surtout être montré dans les écoles, aller à la rencontre d’un public jeune embarqué très tôt dans une politique de consommation et que l’avenir de la planète devrait concerner au premier plan puisqu’il y va de leur avenir proche.
Francis Dubois
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