Lorsqu’un producteur de films de renom est retrouvé mort au fond du Tibre, les premiers à être soupçonnés du meurtre sont les trois apprentis scénaristes qu’il avait rencontrés au cours d’un dîner et qui sont les derniers à l’avoir vu vivant.

Au cours de leur nuit d’interrogatoire passée au commissariat, ils se remémorent leur aventure tumultueuse à l’époque des derniers moments forts des années les plus glorieuses du cinéma italien.

Les trois jeunes scénaristes issus d’horizons divers sont autant liés les uns aux autres par leur cinéphilie qu’ils sont distanciés par leur rivalité.

Antonio, à la rigueur en apparence intraitable, est cependant prêt à se laisser séduire jusqu’à la compromission.
Luciano originaire de quartiers populaires est un garçon famélique et effronté
Eugenia appartient, elle, à une austère famille du pouvoir romain.
Tous les trois sont admis, à des degrés différents, à la cour de quelques piliers légendaires de l’âge d’or mais leur concurrence professionnelle suffirait-elle à accréditer le fait qu’ils puissent être soupçonnés ?

Cinéma : Nuits magiques
Cinéma : Nuits magiques

«  Nuits magiques  » est un récit foisonnant peuplé de multiples personnages hauts en couleur, à la fois burlesques et pathétiques mais entrant tous, d’une façon ou d’une autre, dans le cadre cinématographique des productions italiennes de l’époque pour constituer une sorte d’album où se croiseraient les fantômes illustres de de Sica, Scarpelli, Fellini, Zavatini….

La réalisation de Paolo Virzi qui mêle avec bonheur vérités et inventions, souvenirs réels ou romancés, qui fait se côtoyer vérités et mensonges sur l’époque, procède de telle sorte qu’elle trouve un bel équilibre entre un lointain documentaire et la fiction mais, dans tous les cas, renvoie le spectateur à cette période inspirée et magique au cours de laquelle tous les réalisateurs, en dépit d’une grande diversité d’inspiration, donnaient au paysage général de la production cinématographique de leur pays une vraie cohérence jouant à la fois sur le « spectacle » le social et la comédie souvent grinçante.

Paolo Virzi, hors de tout plagiat, réinvente à sa façon cette alchimie avec un film à la fois truculent et nostalgique, tout entier voué au mythe du cinéma italien, à la fois foisonnant et intimiste, flirtant tour à tour avec la caricature et la subtilité.

Mais en même temps qu’il rend un vibrant hommage, il lève le voile sur les dessous de cette période mythique dont on ne garde que le meilleur.

Car le film fonctionne sur la ferveur incrédule des trois personnages qui, dans un monde de flatteries et de pièges, de promesses en machinations, vont à la découverte d’un monde à la fois glorieux et misérable dans lequel leur dévotion se transforme en consternation, moqueries irrévérencieuses pour aboutir à la désillusion.

La présence au générique de «  Nuits magiques » de Giancarlo Giannini ou de Ornella Muti, figures attachées à cette période bénie, renforce autant le plaisir que procure ce film très réussi que la nostalgie qui s’en dégage…

Francis Dubois


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