C’est entre un petit village du sud de l’Iran et une cité de la banlieue parisienne que se déroule le parcours long et atypique d’ Hibat et Fereshteh, un couple d’éternels optimistes engagés dans différentes sortes de combats

La comédie toute en contrastes, avec des airs de conte, et des moments de profonde noirceur, évoque, l’amitié, les liens familiaux, le don de soi et le plaisir du « vivre ensemble ».

«  Nous trois ou rien  » est un film généreux bourré de tendresse et de bons sentiments, à la fois cruel et drôle.

Cette générosité qu’il déploie de bout en bout, que ce soit dans le quotidien ordinaire ou dans des situations extrêmes est à la fois le support solide et la faiblesse du film

La première partie du récit conte l’histoire de trois amis inséparables, un trio dont fait partie Hibat, liés ensemble contre la politique répressive en Iran, sous le règne du Shah.

Engagés politiquement, ils sont jetés en prison. Mais alors que les deux autres ont accepté de le manger, Hibat est battu quotidiennement pour avoir refusé le gâteau d’anniversaire offert par le Shah. Il est torturé au point qu’il devient un martyr et que son cas est le déclic de mouvements sociaux qui seront déterminants pour l’histoire du pays.

L’opposition au Shah devient telle que celui-ci, avant de battre en retraite, est contraint de libérer les prisonniers politiques.

Mais l’arrivée au pouvoir de Rouhollah Khomeimi et de son gouvernement islamiste amène la gauche iranienne à s’engager dans de nouvelles luttes et à descendre à nouveau dans la rue.

C’est dans ce contexte politique houleux qu’Hibat rencontre Fereshteh. Les deux jeunes gens tombent amoureux, se marient, ont un bébé, sont prêts à une vie heureuse mais face aux représailles qui menacent l’opposition, ils sont contraints de quitter le pays.

Après un passage par la Turquie, ils finiront par rejoindre la France où ils échouent dans une ville de la banlieue parisienne. D’abord désorientés par le décor et les mentalités, ils vont, par le biais du réseau associatif, pouvoir poursuivre leur idéal et mener d’autres luttes.

Cinéma : Nous trois ou rien
Cinéma : Nous trois ou rien

Le film de Keiron se présente en trois parties distinctes.

La première dont l’essentiel se passe dans les prisons iraniennes, va jusqu’à la chute du shah et à l’arrivée au pouvoir de l’Ayatollah Khomeini. Le ton que Keiron a voulu donner à ce volet du récit est difficile à saisir. Les jeunes gens qui constituent le trio d’inséparables sont très engagés politiquement, passent leur jeunesse dans les geôles iraniennes mais ils sont en même temps présentés, plus que comme des potaches rigolards et farceurs, comme des personnages de comédie.

Le deuxième volet du film est l’épopée du jeune couple et de leur enfant, à la recherche d’une terre d’asile.

La troisième partie est leur installation en France où, après une période de doute, ils vont trouver leur voie et agir sur une jeunesse négative, à court d’espoir.

Cette troisième partie du film de Keiron souffre de trop d’angélisme et déborde de cette générosité à laquelle on voudrait bien croire mais dont on sait qu’elle est, malheureusement, une vue faussée de la réalité.

On a très envie d’adhérer sans réserves à ce film qui, lorsqu’il trouve sa bonne tonalité, est revigorant, tonique, sensible.

Dommage que parfois, l’humour que distille une voix off un peu trop présente ne soit pas toujours à la hauteur du sujet et que le texte nous empêche d’adhérer aux idées utopiques et sincères des protagonistes.

Mais en nos temps où l’individualisme règne en maître, un moment de générosité, fut-il proposé par écran interposé, est bon à prendre !

Francis Dubois


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