Un groupe de taulards de Fleury-Mérogis, un autre regroupant des femmes d’un collectif de Villeneuve-Saint-Georges, un groupe de lycéens de 1ére ES de Sarcelles ont en commun le projet un peu fou d’écrire une nouvelle Constitution.

Ils ne se connaissent pas, ne communiquent que par messages vidéo mais pendant près d’une année ils vont partager le bonheur et la difficulté de réfléchir ensemble. Un travail de réflexion qui va les amener à redécouvrir le sens du mot « politique ». Une aventure volontaire, une farouche détermination qui vont finalement les conduire jusqu’à l’Assemblée Nationale.

Cinéma : Nous le peuple
Cinéma : Nous le peuple

« Nous le peuple  » peut être considéré comme le troisième volet d’un état des lieux de la France commencé il y a dix ans par Claudine Bories et Patrice Chagnard avec «  Les arrivants » qui abordait le sujet des demandeurs d’asile, poursuivi en 2014 avec «  Les règles du jeu » ou comment apprendre à se « vendre » quand on est un demandeur d’emploi.

«  Nous le peuple » a été tourné entre janvier et juillet 2018 à une époque où il était peu question en France d’une crise de la démocratie, mais à un moment sensible où l’Assemblée nationale examinait le réforme de la Constitution voulue par Emmanuel Macron. Quelques jours après la fin du tournage, le gouvernement était contraint de suspendre l’examen de sa réforme constitutionnelle. Et quelques semaines plus tard, le mouvement des Gilets Jaunes commençait.

Le projet de départ du film était de mettre en scène celles et ceux qui ne votent pas ; de chercher à comprendre pourquoi ils s’abstiennent, de filmer les oubliés de la République qui, à leur tour, oublient la République. Plus tard, au sein d’ateliers menés par l’association d’éducation populaire «  Les Lucioles du doc  » les réalisateurs ont trouvé les lieux et les personnages. Dès lors le contour du film se précisait. Il serait un film sur la parole, une parole retrouvée, cette parole politique que les personnages découvrent et qu’ils se réapproprient, à partir de laquelle ils vont pouvoir dire « nous » et se constituer en peuple.

Le film déroule l’histoire de ces trois groupes également déterminés à aller jusqu’au bout depuis les premiers moments balbutiants jusqu’à la parole affirmée, la découverte chaque jour un peu plus du bien fondé de leur projet et de la raison profonde d’un engagement. Le but de cette réflexion était de réécrire la Constitution et, en dépit d’obstacles innombrables, de rencontrer physiquement des députés de la Constitution des lois parmi ceux qui travaillent à la réforme constitutionnelle.

Claudine Bories et Patrice Chagnard portent un regard subjectif sur la société avec l’idée de découvrir autre chose, de voir le réel autrement. Leur film, comme tous les précédents, n’est pas une question de psychologie mais reste une question cinématographique.

La construction du film est prenante. L’enthousiasme de tous ceux et celles qui apparaissent dans le film, la force de leur engagement dès le moment où ils se sont donné un but, leur détermination à approfondir à chaque fois un peu plus, leur approche de la politique sont communicatifs.

« Nous le peuple  » est un film joyeux, généreux, optimiste dont on sort ragaillardis.

Et si l’engagement politique était un moyen de se réinsérer, le moyen de rebondir quand la société nous a isolés….

Francis Dubois


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