Maud Crayon est une architecte mère deux enfants qui remporte sur un malentendu le concours organisé par la mairie de Paris pour la rénovation du parvis de Notre Dame de Paris.

Entre le poids de cette nouvelle responsabilité, la lourdeur de la supercherie, un amour de jeunesse qui refait surface, le père de ses enfants auquel elle reste toujours attachée, la jeune femme va vivre un tourbillon et parfois une véritable tempête qu’elle va devoir dépasser pour s’affronter et se libérer.

Avec «  Notre Dame », Valérie Donzelli dresse le portait d’une jeune femme d’aujourd’hui à la fois positive, perpétuellement préoccupée par un sentiment de culpabilité, mais qui, en véritable battante, en dépit des difficultés qui jalonnent son parcours, ne se laisse jamais décourager.

Maud Crayon apparaît comme la petite sœur de «  La reine des pommes  », le premier film de Valérie Donzelli, personnage gaffeur qui ne devait ses déboires qu’ils soient amoureux ,maternels ou professionnels, qu’à sa façon maladroite mais profondément sincère d’aborder la vie.

Cinéma : Notre Dame
Cinéma : Notre Dame

« Notre Dame » est l’incontestable réussite de quelqu’un qui sait faire du cinéma, construire une histoire si acrobatique soit-elle, émaillée de moments absurdes et de séquences poétiques qui peuvent aller jusqu’au fantastique et qui sait trouver entre ces différents genres, les différentes couleurs narratives, le bon équilibre.

Son film s’envole et dépasse les limites de la comédie, tordant le cou à tout ce qui pourrait être attendu en opérant, à chaque fois que le cliché menace, le pas de côté le plus loufoque avec un bonheur réjouissant.

Valérie Donzelli jongle avec les audaces les plus risquées et son film, tout en dégageant un climat anxiogène, reste dans le domaine de la comédie, les difficultés auxquelles se heurtent Maud Crayon donnant lieu, dans le même instant, à des situations à la fois réalistes et drôles jusqu’au burlesque le plus audacieux.

Le monde dans lequel évolue Maud Crayon est pris dans le tourbillon d’un chaos absurde où l’on abandonne le sillon tracé, où les gens se giflent sans cesse, extériorisant sans doute à chaque fois un mal être agressif .Des scènes de gifle, très brèves, toujours surprenantes, qui se répètent, échappent au procédé burlesque pour laisser entrapercevoir les malaise profond d’une société déboussolée spontanément agressive.

Mieux qu’une comédie, le film de Valérie Donzelli est une fantaisie, un film aérien, un récit totalement libre construit au grès d’un imaginaire débordant de trouvailles alors que tant de liberté nécessite une grande maîtrise, un dosage savant, une grande rigueur de mise en scène et des personnages écrits au cordeau.

Valérie Donzelli a-t-elle, avec «  Notre Dame  » réinventé la comédie autour d’un personnage victime d’elle-même et d’un monde qui la déborde ?

Une totale réussite !

Francis Dubois


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