L’attention particulière que Sandrine Dumas porte à une toile qui était accrochée dans l’appartement de ses parents, peinte par l’artiste Thalia Flora Karavia, et intitulée «La femme à l’ombrelle» va la conduire à faire des recherches sur le passé de sa mère et à découvrir qu’à défaut d’une parenté familiale, les deux femmes ont eu des destins proches.

Sur les traces de Thalia Flora Karavia pour une série de portraits qui traversent le Grèce du XXème siècle, la réalisatrice renoue avec l’histoire de sa famille.

L’histoire de Thalia Flora Karavia et l’histoire de sa quête familiale deviendront indissociables.

Cinéma : Nostos
Cinéma : Nostos

Première similitude entre les deux femmes: elles sont toutes les deux des grecques qui ont vécu hors de leur pays.

Après son mariage avec un français, sa mère a vécu en France alors que Thalia a grandi à Istanbul avant d’aller vivre à Alexandrie. Elle ne reviendra à Athènes qu’avec son mari en 1940 alors qu’à la seconde guerre mondiale succède la guerre civile.

Pour elles-deux comme pour les grecs de la diaspora, le mère patrie représente un mélange d’amour et de douleur.

Pour en savoir plus sur sa mère morte prématurément, Sandrine Dumas est allée à la recherche de certaines de ses amies qui l’ont éclairées sur la personnalité de cette femme secrète et qui n’avait parlé à sa fille de son enfance qu’à propos du tableau de Thalia Flora Karavia.

Connaissant l’intérêt qu’elle portait à l’artiste-peintre, celles-ci l’ont mise en relation avec des femmes qui, dans leur jeunesse, avaient posé pour Thalia.

Beaucoup d’entre elles avaient un lien avec Ithaque où se trouvait la maison de la grand mère de Sandrine Dumas, avaient des souvenirs de l’aïeule ou étaient apparentées à Nikos Karavia, le mari de Thalia.

Et ces tissages croisés de souvenirs ont permis à la réalisatrice de redécouvrir sa famille grecque et de construire son film.

Sandrine Dumas qui fut comédienne entre autres chez Krzystof Kieslowski, Milos Forman, Mehdi Charef ou dernièrement Mia Hansen-Love et qui, dans un second temps, s’est consacrée à des mises en scène de théâtre, a réalisé un film d’une grande sensibilité sur l’attachement profond aux racines et sur ces moments dans une vie où, subitement, les retrouver devient une urgence comme de lever le voile sur les silences et les pans obscurs du passé.

Son film est un voyage vers l’apaisement et la réconciliation.

La pugnacité dont fait preuve la réalisatrice dans ses recherches, le plaisir qu’elle prend à découvrir une nouvelle piste montrent la force de sa détermination.

Le film bénéficie de cette force…

«Nostos» peut signifier le plaisir de rentrer chez soi, la joie qui fait mal, la racine de la nostalgie…

Francis Dubois


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