Margot, Jérémie, Salomé, César, Sonia, Léo et quelques autres. Ils ont entre dix-huit et cinquante ans. Ils viennent de tous horizons et tout les sépare sauf l’urgence de se reconstruire et de restaurer la relation à l’autre que l’addiction à l’alcool ou aux drogues a détruite. Ils redécouvrent l’amitié, la solidarité, l’écoute dans une cohabitation de partage fatalement éphémère. Une bande de vivants cabossés par la vie qui vont prouver qu’on s’en sort mieux à plusieurs que seuls.

«  Nos vies formidables  » n’est pas un film de plus sur une expérience de thérapie de groupe. Pas seulement en tous cas.

Le film est le fruit d’une méthode originale imaginée par Fabienne Godet permettant d’augmenter au maximum la part de « vérité » dans la fiction.

Pendant deux ans, elle a assisté à des réunions qui regroupaient des hommes et des femmes unis par un seul et même problème : la dépendance.

Dans le même temps elle effectue auprès de certains, des entretiens individuels à partir desquels elle va créer une vingtaine de personnages fictifs. Une fois en possession de ce premier matériau, elle s’immerge dans une communauté thérapeutique et c’est sur ces bases de préparation qu’elle bâtit la première ébauche de son scénario.

Cinéma : Nos vies formidables
Cinéma : Nos vies formidables

Avec sa co-scénariste Julie Moulier, elles constituent un groupe d’acteurs pouvant fonctionner comme un groupe de patients auxquels elles proposent dans un second temps une « résidence de travail » dans le décor qui a été retenu pour le tournage.

Chaque acteur, à ce stade de l’élaboration est en possession du récit de vie de son personnage et l’objectif suivant est de créer une dynamique collective.

Commence alors un travail d’improvisation alors que Fabienne Godet et Julie Mounier se lancent dans l’écriture d’un scénario qui sera mouvant, ouvert à des changements jusqu’à la fin des prises de vue.

Le film comportera ainsi des séquences écrites, des scènes totalement improvisées et des improvisations « cadrées ».

Pendant tout la durée des différentes phases de travail, les acteurs vivent en communauté, une cohabitation qui va permettre au réel de s’infiltrer dans les rapports intimes et l’histoire d’influer sur leur cheminement personnel.

Si la toxicomanie et la dépendance sont la toile de fond du film, c’est la solidarité, l’entraide, la prise en charge de l’autre qui en sont le sujet principal.

Le film est un portrait de groupe mais il est aussi l’histoire de chutes mais surtout d’une résurrection, celle de Margot dont le personnage a émergé au milieu des autres et qui est devenu au fil du travail, le fil rouge du récit.

De jeune femme cadenassée à force de blessures et de plaies mal refermées, Margot deviendra un individu ouvert et disponible aux autres, curieux des autres et les échanges obligés ou choisis vont permettre d’assister à une métamorphose tant physique que mentale.

Non seulement la transformation de Margot sera spectaculaire mais elle aura une incidence sur l’évolution des autres, les plaçant face à des problèmes insolubles ou au contraire, leur ouvrant des voies.

Très vite chaque participant se distingue des autres, devient une présence familière, émergeant lus ou moins rapidement du groupe.

Le film de Fabien Godet échappe à toute forme d’angélisme. Il garde la rugosité des blessures persistantes de chacun, de son histoire révélée ou gardée secrète.

Récit brut ou émouvant, «  Nos vies formidables  »est une « formidable réussite », une belle expérience humaine, un très beau moment de cinéma.

Francis Dubois


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