Mr Ove a perdu sa femme et, dans la foulée, il est à cinquante-neuf ans, licencié alors qu’il était très attaché à son travail.
D’un naturel bougon, privé de ses deux raisons de vivre, il devient acariâtre.
A longueur de journée, il erre dans sa maison comme une âme en peine et pour s’occuper, il passe le reste de son temps à sillonner les allées de la copropriété où il harcèle ses voisins au moindre manquement au règlement intérieur.
Mr Ove n’attend dorénavant plus rien de la vie et il n’aspire qu’à une seule chose, mourir.
Il fait régulièrement des tentatives de suicide qui échouent lamentablement à chaque fois.
Jusqu’au jour où de nouveaux voisins aménagent, terriblement sympathiques…
Il se pourrait bien que ces nouveaux venus dans la résidence amènent petit à petit le vieil homme à réviser sa vision négative du monde…
Monsieur Ove raconte une histoire universelle. Celle d’un vieil homme aigri, grognon qui, au contact de nouveaux voisins qui font fi de sa mauvaise humeur récurrente et à force de naturel et de spontanéité, l’amèneront, avec de meilleurs sentiments, à un regard plus apaisé sur le monde qui l’entoure et à redécouvrir toute la tendresse qu’il avait, de souffrance en déception, enfouie au plus profond de lui.
D’entrée, le personnage est montré comme un vieux grincheux pour qui personne ne trouve grâce à ses yeux. Son extrême rigueur concernant le respect des lois et règlements et son absence de langue de bois en font quelqu’un pour qui personne dans l’entourage n’a la moindre sympathie.
Et bien sûr, ce rejet dont il est l’objet de la part des habitants de la résidence, ne fait qu’attiser sa haine envers l’espace humaine.
De la même manière que Mr Ove est annoncé d’entrée comme un mauvais coucheur, les nouveaux arrivants et voisins du vieil homme le sont comme des personnes sympathiques, directes comme des gens que leur bonne humeur rend imperméables aux manifestations de mauvais caractère.
Leur comportement joyeux va devenir le grain de sable dans le rouage du comportement de Mr Ove.
Dès le début du récit la ligne narrative du film est tracée et on pressent que l’histoire de » Mr Ove » ne nous réservera guère de surprises.
Mais c’est dans la façon de traiter les clichés, de les détourner habilement que Hannes Holms réussit à conclure à une œuvre originale sur un sujet rabattu.
C’est également dans la construction de son récit rythmée par de longs flash-back qui interviennent à chaque suicide raté du protagoniste.
C’est ainsi que Mr Ove revivra dans un premier retour en arrière, des séquences marquantes de son enfance, la mort de sa mère, l’affection bourrue de son père.
Dans un second flash-back, lui reviendront en mémoire son adolescence, son embauche dans les chemins de fer et la mort accidentelle de son père dont il pourrait se sentir responsable.
Dans un troisième retour en arrière, il s’agira de sa rencontre avec celle qui deviendra sa femme.
Ces séquences de souvenirs plutôt bien amenées sont autant d’explications sur la personnalité du vieil homme et sur sa nature irritable.
Sur un sujet et un canevas narratif attendus, Hannes Holms réalise un film drôle, émouvant et toujours passionnant.
Francis Dubois
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