Dans les montagnes reculées du Pérou, Segundo un adolescent de quatorze ans, se prépare à suivre son père dans la fabrication de retables représentant des scènes religieuses et des événements du quotidien. Au moment où Segundo prend conscience du poids que représente un tel héritage et où surviennent les questionnements de l’adolescence, il découvre un secret que son père tenait enfoui et qui, une fois révélé, va remettre en question l’édifice de toute la famille et placer Segundo face à un cas de conscience

Cinéma : Mon père
Cinéma : Mon père

La première partie du film de Alvaro Delgado Aparicio met en place la solide complicité entre un père et son fils, leur passion partagée pour la fabrication des retables et l’enthousiasme que l’un et l’autre mettent à satisfaire les commandes fournies qui permettent à la famille de vivre décemment.

Mais alors que l’avenir semblait tout tracé, un grain de sable vient gripper le mécanisme.

Il s’amorce avec la distance que Segundo met à l’intérieur de la complicité qu’il avait entretenue sans la moindre zone d’ombre avec un père qu’il admire et aime profondément.

Et alors que l’héritage ne faisait pas de doute, l’édifice père-fils commence à se fissurer. Il sera remis en question lorsque le voile se lèvera sur le secret paternel. Et celui-ci sera de taille à précipiter l’effondrement du bloc familial.

Dès lors que le voisinage aura découvert les penchants sexuels du père et l’aura copieusement roué de coups pour cette dérive jugée coupable, les liens déjà distendus dans la relation filiale va interroger Segundo et réduire considérablement l’admiration qu’il nourrissait pour un géniteur que toute le monde destitue désormais de ses droits.

La rupture de ton qu’impose au récit la découverte de l’homosexualité du père crée un déséquilibre dont il se pourrait que le film ait, pour la suite, du mal à se relever.

Car la demi teinte qui donnait au film sa tonalité singulière disparaît brutalement et opère un basculement total.

Du piédestal où Segundo plaçait son père à la chute imprévisible qui se produit, on dirait qu’à être devenu trop anecdotique, le récit perd soudain ses repères.

Le départ définitif de la mère de la maison abandonnant un époux gravement blessé qu’aucun médecin de la région, ne veut soigner, en représailles, le dilemme face auquel se retrouve Segundo plonge «Mon père» dans une coloration narrative mélodramatique qui vire bientôt au drame pur et simple.

Et ce n’est pas le retour de Segundo à la fabrication d’un retable en hommage à son père et, avec ce geste symbolique, une relation réhabilitée en dernier recours, qui parviennent à donner au film une véritable nouvelle tonalité.

Le film aurait gagné à rester dans la demi teinte narrative de son début mais il reste l’impression d’une existence rugueuse, les magnifiques paysages et des comédiens au jeu virtuose.

Francis Dubois


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