Stephen est un brillant chirurgien. Avec son épouse Anna, ophtalmologue de renom, Kim et Bob leurs deux garçons de douze et quatorze ans, ils composent ce qu’on appelle communément une famille heureuse.
Un jour, Stephen reçoit la visite de Martin, un adolescent dont le père est décédé sur la table d’opération pendant une intervention chirurgicale et sa vie va amorcer un tournant.
Sans doute guidé par un sentiment de culpabilité, Stephen décide d’aider, de prendre sous son aile cet orphelin singulier, peut-être livré à lui même.
Ils se rencontrent à plusieurs reprises puis, plus régulièrement. Mais après avoir, dans un premier temps fait preuve de discrétion, Martin qui s’immisce petit à petit dans la vie de Stephen et auprès de sa famille, s’attire le sympathie de tout son entourage.
Au fil des jours et de façon insidieuse, il va se montrer de plus en plus intrusif jusqu’à ce que son comportement devienne brutal et menaçant.
Acculé, Stephen n’aura bientôt plus d’autre choix que de se plier aux exigences cruelles de Martin et de commettre, selon ses vœux, l’irréparable.
« La mise à mort du cerf sacré » est le cinquième long métrage de Yorgos Lanthimos. présenté en compétition officielle au 70ème Festival de Cannes.
Après avoir réalisé de nombreux clips en collaboration avec des chorégraphes grecs, des publicités pour la télévision, des courts métrages, il met en scène « Kinetta» , son premier long métrage remarqué au Festival de Toronto et à la Berlinade.
Ce sera ensuite « Canine» ( Cannes 2009) puis « Alps» remarqué à la Mostra de Venise et enfin
«Lobstar», son premier film en langue anglaise.
Ici, Yorgos Landhemos s’inspire d’Euripide et de son « Iphigénie en Aulas» mais sans faire du film une transposition de la pièce.
Le mécanisme narratif et sa mise en scène fonctionnent selon une mise en place insidieuse du drame, par touches légères liées à la transformation des comportements du personnage de Martin, l’adolescent qui va introduire dans le récit une atmosphère de plus en plus menaçante, qui va réduire progressivement par sa présence de plus en plus troublante et inquiétante, le champ d’action de Stephen.
« La mise à mort du cerf sacré » met en scène le portrait d’un prédateur guidé dans son sombre dessein et celui d’un homme qui devient le spectateur presque consentant de sa propre victimisation.
La façon dont Yorgos Landhemos met en scène ce récit, mêle intimement angélisme et machiavélisme, et ce mélange intime, en introduisant dans un déroulement réaliste quotidien, un fantastique léger, guide les personnages vers le drame qui s’installe, s’impose et devient petit à petit inéluctable.
Les personnages partagés se positionnent bientôt entre la vie réelle et le poids de la règle mythologique sans que n’apparaisse la trame qui devient progressivement visible, de la toile d’araignée fatale.
Une œuvre forte, magnifiquement aboutie à laquelle apportent leur concours, Colin Farrell, Nicole Kidman et le jeune Barry Koeghan dont l’étrangeté naturelle convient parfaitement pour rendre la double facette du personnage de Martin.
Francis Dubois
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