Dans une contrée reculée de la Cordillère des Andes, le corps d’une bergère est découvert décapité.
Cruz l’officier de la police rurale est chargé de l’enquête.
Très vite, David le mari de Francesca, la maîtresse de Cruz est désigné comme le premier suspect.
Alors que son comportement l’amène à être admis dans un hôpital psychiatrique, il ne cesse d’incriminer les apparitions violentes et inexplicables d’un monstre.
Cruz conduit ses recherches selon une mystérieuse théorie impliquant des notions géométriques, les déplacements d’une bande de motards et une voix intérieure qui répète de façon obsessionnelle: « meurs, monstre, meurs »….
Mais d’autres meurtres similaires à celui de la bergère ne cessent de se reproduire…

Selon Alejandro Fadel le cinéma ne doit pas être une machine à raconter des histoires s’il aspire à se renouveler et à dépasser les limites des productions de la télévision.
Avec « Meurs monstre, meurs » il fait de son principe de réalisateur, une brillante démonstration sans ne jamais tomber dans les travers de l’exercice de style.

Cinéma : Meurs, monstre, meurs
Cinéma : Meurs, monstre, meurs

Après « Los salvages », son premier long métrage, le cinéaste avait pour projet de réaliser un documentaire sur trois endroits : un poste-frontière, un hôpital psychiatrique et un monastère.
Le projet n’a pas abouti mais les décors qu’il avait alors en tête ont survécu et on les retrouve réunis dans son dernier film.
Aujourd’hui où les codes et l’esthétique d’un film peuvent être prédéterminés et où un logiciel pourrait monter un film sans l’aide humaine, Alejandro Fadel travaille de façon artisanale sans faire appel aux technologies modernes et cela jusqu’à la fabrication physique du monstre qui échappe aux techniques savantes des effets spéciaux.
« Meurs monstre, meurs » qui est tout à la fois un thriller, une film policier, une film fantastique, une histoire d’amour et d’adultère, établit sa force narrative quand il double les codes propres à ces différents genres d’une quotidienneté « terre à terre ».

Il n’est pas étonnant d’apprendre que les films de référence d’ Alejandro Fadel sont « Nosfératu », « Le cabinet du docteur Caligari » mais aussi « Freaks », les réalisations de James Whale, de Jacques Tourneur et de plus loin, ceux du mouvement Giallo italien.
Car, au lieu de cantonner le monstre qui hante le récit dans le domaine de la paranoïa ou de la suspicion, il a fait le choix de le montrer de façon explicite pour donner au fantastique du récit, les mêmes interprétations qu’un récit réaliste.

« Meurs monstre, meurs » qui associé son étrangeté narrative aux décors de cette partie aride de la Cordillère de Andes et aux atmosphères qui s’en dégagent, est une réflexion sur la peur.
Les ressorts émotionnels et le sentiment qui hantent le film le font reposer sur la peur de l’inconnu et sur l’angoisse que l’inconnu engendre.

Un film dérangeant au bon sens du terme qui ne force jamais le trait pour plonger le spectateur dans des ambiances étranges, insolites, multiplier les fils narratifs d’une histoire qui apparaît comme complexe ou limpide selon qu’on pénètre ou pas dans l’imaginaire du réalisateur.

Francis Dubois


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