A « Quartier TV », une association de quartier, Mathieu réalise des films avec les jeunes de la cité de Mines. Leïla qui est une fidèle du groupe espère un peu plus de l’animateur.

Nadia et Farid ont des projets ambitieux, plus politiques et en réalisant des enquêtes sans tabous, tentent de rompre avec le regard habituel porté sur la banlieue.

Romuald, le directeur a lancé une émission de télévision citoyenne qu’anime avec talent Souleymane qui rêve de devenir une star.

Il y a ceux qui aiment leur quartier, ceux qui veulent y améliorer la vie et ceux qui veulent changer le monde. La vie associative est un microcosme chaleureux avec des objectifs communs.

Mais quand les points de vue se mettent à diverger, lorsque certains campent sur leurs positions alors que d’autres sont prêts à faire des concessions pour conserver les subventions, le fonctionnement harmonieux peut prendre du plomb dans l’aile.

Cinéma : Merci les jeunes
Cinéma : Merci les jeunes

Les premières images du film renvoient aux émeutes qui ont enflammé les banlieues en 2005. Elles conduisent à s’interroger sur ce qui s’est passé depuis, sur les réponses politiques et sociales qui ont été données à cette révolte spontanée de la jeunesse à la périphérie de Paris.

Elles sont montrées en parallèle avec la séquence fictive d’un court métrage inachevé où un car de touristes visite une banlieue comme on visiterait un zoo. Appareil photos prêt au cliché, on attend de voir des fidèles sortir d’une mosquée, ou un groupe de jeunes typiques en survêtement Lacoste.

Le ton est donné.

Il est sans doute plus facile d’aborder le fonctionnement d’une association de banlieue par le documentaire que par la fiction.

Jérôme Polidor a choisi la fiction et grâce au soin qu’il a apporté à l’écriture du scénario, grâce à des personnages qu’il a conçus hors des clichés, grâce aussi à des comédiens confondants de justesse, de naturel, il a évité tous les écueils qui guettaient et réussi une film de fiction qui parvient à revenir à un véritable documentaire sur le sujet.

Dans le film, le milieu associatif est présenté comme une institution où les relations librement choisies et consenties fonctionnent sur une ligne commune mais où la mécanique peut subitement se gripper quand, à l’intérieur du groupe, les objectifs divergent.

Une association est dépendante des organismes qui la finance (mairie, Conseil régional, sponsors) et le maintien des attributions financières s’accommode mal de prises de position qui peuvent mettre en cause les institutions.

Dans le film de Jérôme Polidor, le grain de sable survient quand deux animateurs de l’association réagissant contre les abus policiers, décident de réaliser un film critique (objectif) sur la question.

La mécanique se grippe quand l’animateur de la TV locale est tenté par une proposition que lui fait une grande chaîne de télé.

Il se grippe aussi quand la relation amoureuse entre Mathieu et une des stagiaires du groupe théâtre qu’il anime est révélée.

Qui est le gagnant (le moins perdant) entre celui qui fait des concessions pour que l’association perdure ou cet autre qui reste sur une ligne de fonctionnement exigeante et refuse les compromis ?

Le film de Jérôme Polidor reste sur cette interrogation.

A voir et à faire voir car ce film sur une association de quartier éclaire sur les rouages pipés de notre société.

Un dossier pédagogique existe.

Francis Dubois


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