Soane, jeune Wallisien a dix-neuf ans quand il est remarqué par un coach pour ses dispositions prometteuses de rugbyman.

Il est sélectionné pour rejoindre un club en métropole.

Son père, redoutablement autoritaire, veut l’empêcher de partir mais Soane brave l’autorité paternelle et finit par embarquer.

Lorsqu’arrivé sur place, il se présente au recruteur, ses mensurations et son poids ne correspondant pas à ceux annoncés, il est refoulé sur le champ, un billet de retour en poche.

Mais Soane possède une adresse à Agen qu’un parent lui a donnée avant son départ.

Il risque le tout pour le tout et engage pour payer son voyage jusqu’à Agen, ses derniers euros.

Ce sera, pour le jeune homme en apparence frustre et déterminé mais qui révélera au fil du récit une nature beaucoup plus nuancée, le début d’un long cheminement chaotique, d’autant plus jalonné de difficultés que le coach recruteur lui demande le remboursement des frais qu’il a engagés pour son voyage.

Or, pour survivre, Soane, que son club ne rémunère pas, est contraint d’accepter un poste de vigile dans un bar de nuit…

Cinéma : Mercenaire
Cinéma : Mercenaire

Sacha Wolff a réalisé, avec une sorte d’innocence qui rejoint la nature de son personnage, un film qui adopte les contours d’un conte dont seraient exclus les personnages bienfaiteurs, les circonstances favorables, mais sans tomber jamais dans le misérabilisme et l’apitoiement.

Si aucun personnage véreux ou bassement intéressé ne fait défaut, celui de Soane, infiniment complexe, rejoint, avec sa dose d’innocence, sa bonhomie réjouissante, sa force physique et son bon sourire de colosse, la liste de ces natures émouvantes qu’on rencontre dans la littérature et notamment chez Steinbeck…

Si certaines lignes du scénario sont tracées à gros traits, si les silhouettes du père, du coach ou de la serveuse dont le « héros » tombe amoureux n’échappent pas aux stéréotypes, le personnage de Soane a été dessiné avec beaucoup de soin, de rigueur et de nuances.

Et Toki Pilioko qui l’interprète prend avec brio, le relais de cette délicatesse d’écriture. Et la masse physique qu’il « déplace » tout au long du récit, pétrie de bonhomie et de générosité, devient presqu’aérienne.

On pourra reprocher à «  Mercenaire » de ne pas avoir évité certaines facilités, au scénario d’être parfois un peu convenu, à certains personnages d’être un peu soulignés…

Mais des atouts narratifs et d’interprétation qui sont incontestables, font de ce cheminement à travers les turbulences à l’accès aux vrais choix et à la liberté, une œuvre forte, attachante et généreuse.

Francis Dubois.


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