Un an après la mort de sa mère, Elena, jeune française d’origine grecque, retourne dans la maison de vacances que les deux femmes possédaient sur l’île de Lesbos. Elle est venue accompagnée de ses amis Nassim et Sebou, deux jeunes banlieusards plus habitués à traîner dans leur cité qu’à fréquenter les plages de sable. Elena y retrouve Manos l’ancien compagnon de sa mère, qui réside sur l’île et avec qui elle continue d’entretenir une belle relation. La relative sérénité dans laquelle se déroulent ces vacances va être troublée par la rencontre d’Elena et de ses amis avec Elyas, un jeune réfugié syrien paumé, à la recherche de sa mère dont, au fil des contrôles policiers, il a été séparé.

Le mot Meltem a plusieurs sens : c’est le nom du vent du nord parfois très violent qui souffle en été entre la Grèce et la Turquie. C’est aussi un prénom féminin turc et c’est dans la langue turque, un mot utilisé comme nom commun pour désigner une femme forte, au caractère bien trempé, l’équivalent en français de fonçeuse, voire de tornade.

Cinéma : Meltem
Cinéma : Meltem

Basile Doganis qui a grandi entre deux pays, deux cultures, a mis beaucoup d’éléments autobiographiques dans son film et dans le parcours franco-grec d’Elena qui a vécu en France, a adopté le pays et qui, pendant de nombreuses années, a tourné le dos à la Grèce et à sa langue maternelle, le grec.

Et le film pose entre autres cette question de savoir quels sont les liens humains qui font qu’on se sent appartenir à un pays, celui qu’on quitte ou celui qui accueille.

Tout le cheminement d’Elena dans le film, qui est aussi l’histoire d’un deuil, consiste à renouer avec l’héritage maternel au sens propre -la maison maternelle- comme au figuré : le pays et la langue maternelle.

Le choix de l’Ile de Lesbos comme décor du film et de l’époque où il situe son film – juillet 2015- a été dicté à Basile Doganis pour avoir été un des moments particulièrement difficile qu’a traversé le pays entre menace de «grexit », le référendum contre les politiques d’austérité, la crise économique et une crise migratoire inédite.

Une période où la Grèce en crise a été le théâtre de la présence de deux mondes, d’une part les touristes occidentaux aisés en vacances et à proximité, la misère bien réelle de dizaines de milliers de familles en exil.

Il était facile pour un cinéaste de voir un enjeu de cinéma dans cette situation surréaliste.

Il serait excessif d’affirmer que le film de Basile Doganis tient toutes les promesses qu’il s’était sans doute promis de traiter dans un film sensible et généreux ou sur lesquelles il s’était parfois engagé sans les faire aboutir.

Il faut quelquefois trier dans l’abondance des séquences parfois disparates, de portée inégale, pour y retrouver les siens parmi les sujets abordés. Et l’épisode mettant en présence parmi les autres, le jeune Elyas, réfugié Syrien en perdition, n’est pas le plus fort pour traiter à lui seul du problème des réfugiés qui ont trouvé asile en Europe, de la dispersion des familles au hasard de contrôles, de l’avenir plus qu’incertain du lendemain de ces individus naufragés.

Francis Dubois


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