Jean-Pierre Werner est médecin de campagne. Il est, pour tous les habitants de la région qu’il couvre, celui qui ausculte, soigne, rassure et qui, à l’occasion intervient, hors diagnostic, dans les difficultés quotidiennes de ses patients.

Disponible sept jours sur sept, c’est à son tour de tomber malade : des radios détectent une tumeur au cerveau qui va nécessiter qu’il lève le pied.

Va-t-il devoir passer le relais à Nathalie, médecin depuis peu, qui a une formation d’urgentiste et n’a surtout aucune connaissance du milieu rural ?

D’abord réticent, Jean-Pierre Werner qui se pense irremplaçable, va accepter la présence de cette assistante efficace, chaleureuse et dévouée.

Cinéma : médecin de campagne
Cinéma : médecin de campagne

Thomas Litli a été médecin. Dans son précédent film « Hippocrate « , il s’attachait au fonctionnement d’un hôpital à travers deux personnages contrastés ; un jeune interne faisant ses premières armes dans un service dont son père est le patron et un médecin formé à l’étranger et dont le recrutement est exposé à la précarité.

Ici, il s’attache au quotidien d’un médecin de campagne particulièrement dévoué, mêlant l’affectif à sa profession.

Un premier tiers du film, plutôt démonstratif, s’attache à montrer la totale disponibilité du docteur à travers quelques-uns des cas médicaux auxquels il est particulièrement attentif.

Le listage des patients avec qui le praticien a fini par établir un climat de totale confiance semble, à première vue, un exercice un peu appliqué mais il émane des différentes séquences une telle atmosphère de générosité et de complicité, qu’elles finissent par échapper à un effet d’insistance.

Le deuxième tiers du film s’ouvre sur l’arrivée de Nathalie, se poursuit avec les réticences de Werner à admettre sa présence auprès de lui, ses méthodes et les premiers points qu’elle marque vis-à-vis des malades qu’elle prend en charge et dont il croyait avoir l’exclusivité.

Werner a toujours été seul maître chez lui et voilà que deux événements viennent menacer le plein exercice de ses fonctions : sa maladie dont il ne souffle mot à personne et un concurrence professionnelle sur son propre terrain.

Mais petit à petit le vieux loup solitaire va être amené à revenir sur ses bouffées d’orgueil et ses à- priori et contraint d’admettre les qualités médicales et humaines de celle qu’il va finalement reconnaître comme sa collaboratrice et avec qui il va accepter de « partager ».

Le film de Thomas Lilti fonctionne sur un certain angélisme mais le réalisateur sait bien, au moment où le romanesque va prendre le pas sur le propos de fond, se ressaisir. Il ponctue son récit de digressions parfois surprenantes en introduisant des personnages inattendus comme celui de ce jeune garçon passionné par la guerre de 14 et qui vit dans sa bulle guerrière ou des situations inattendues comme la fête folk qui réunit tout le village et qui, en révélant une complicité « de clocher » apporte une justification au point de vue idyllique du récit.

« Médecin de campagne  » est un beau film à l’ancienne mais ponctué ici et là, de fulgurances, de ruptures de ton qui le font échapper à une trop grande linéarité.

Les compositions de François Cluzet et de Marianne Denicourt dans les personnages du Dr Werner et de Nathalie sont magnifiques.

Francis Dubois


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