Gabrielle a grandi dans le milieu rigide de la petite bourgeoisie agricole attachée à des valeurs archaïques.
C’est une jeune fille singulière dont le rêve de vivre une passion absolue fait scandale.
A une époque où on destine les jeunes filles au mariage, le comportement de Gabrielle dérange.
On la prend pour folle et ses parents la donnent à un brave garçon, ouvrier agricole espagnol, pour qui elle n’éprouve ni sentiment amoureux ni attirance.
Atteinte du « mal de pierres », une affection rénale qui risque de l’empêcher de voir aboutir une grossesse, elle part pour plusieurs semaines dans un centre de cure pour y suivre un traitement réparateur.
C’est là qu’elle rencontre André Sauvage, un jeune lieutenant très affaibli par une maladie contractée pendant la guerre d’Indochine.
Le film de Nicole Garcia est l’adaptation du roman éponyme de Miléna Agus et la réalisatrice qui a pris certaines libertés nécessaires avec l’œuvre littéraire, a réalisé à partir d’un destin de femme qu’on suit sur dix-sept années, une mélodrame flamboyant porté par une Marion Cotillard magistrale, un Louis Garel ténébreux et un Alex Brendemühl émouvant.
Chez Gabrielle, il y a depuis toujours une forte aspiration charnelle qu’elle appelle « la chose principale », une échappée du désir et de l’amour.
Cette attirance exclusive est d’abord contredite par celui qu’elle voudrait étreindre, l’instituteur du village, avant d’être condamnée par sa famille et par la morale cadenassée de la société rurale des années 50.
Après un mariage sans amour qu’elle n’a jamais accepté mais auquel elle s’est résignée, elle poursuit sa quête passionnelle qui la fait passer pour folle alors que sa seule folie est de ne jamais renoncer à son rêve de passion totale.
Lorsqu’elle rencontre enfin le grand amour en la personne d’André Sauvage, le jeune officier curiste dans le même établissement de soins qu’elle, cet amour sera sacrifié par la maladie d’un homme résigné à mourir, terriblement marqué par des années de guerre.
Le personnage de Gabrielle est au carrefour d’un monde agricole rigide et archaïque et d’une époque marquée par les premiers signes de l’émancipation de la femme, une aspiration à plus de liberté.
Si dans sa première demi-heure, le film de Nicole Garcia est narrativement un peu confus, il gagne au fur et à mesure de son déroulement une limpidité, une luminosité, une force dramatique qui laissent, au moment des dernières images sur l’impression positive d’avoir assisté à une œuvre flamboyante obéissant aux règles parfaitement maitrisées du mélodrame et dressant une peinture réaliste de la société des années cinquante prise dans le carcan d’une morale aveugle.
Francis Dubois
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