Roman est dentiste. Avec Camille, ils forment un couple assorti et heureux et sont tous deux comblés par la présence auprès d’eux de leurs deux petites filles. Mais depuis longtemps Roman cache à tous son addiction à la cocaïne dont il en est arrivé désormais à un usage quotidien.

Le grain de sable qui aurait bien pu ne jamais venir gripper l’harmonie de la famille survient un jour avec la découverte des raisons de l’intoxication dont a été victime l’aînée des fillettes.

Avec cette révélation, Roman et Camille voient s’écrouler ce qu’ils ont de plus cher, la solidité du couple et le bonheur des enfants.

L’amour a-t-il une chance de survivre quand le lien de confiance essentiel sur lequel il existait est rompu ?

Cinéma : Mais vous êtes fous
Cinéma : Mais vous êtes fous

Le scénario du film est inspiré de l’histoire d’un couple de proches qui a vécu cette épreuve : un père très attentif à sa famille dont on découvre qu’il se drogue, met avec son addiction sa famille en danger et qui, pour avoir indirectement intoxiqué un membre de sa famille, se voit tomber sous le coup de la loi.

La révélation de l’addiction du père à une drogue forte fait l’effet d’une bombe à l’intérieur de la cellule familiale et parmi les proches.

Le choc est double avec un premier effet. Il amène à devoir renier quelqu’un qui a pu mener à la barbe des siens une double vie et dans un deuxième temps, il a l’effet de rompre avec la confiance que chacun avait en lui, le respect qu’on pouvait porter à un homme considéré jusque là comme irréprochable, voire exemplaire.

Après une première partie du récit où s’affiche l’harmonie « ordinaire » dans laquelle baigne la famille, le spectateur est mis dans la confidence du drame prochain.

Le premier accroc s’est produit et fait patienter jusqu’à la révélation et l’aveu du père devant les conséquences de sa déviation.

Jusque là, le récit fonctionne avec le personnage de Roman essentiellement, qui épuise au mieux les clichés inhérents au sujet. Mais c’est quand le personnage de Roman passe le relais à celui de Camille que le film, en balayant tous les poncifs, trouve toute sa force narrative en même temps qu’il devient une sorte de thriller intime et conjugal.

Car en dépit du choc de la révélation, de la mise en danger de la santé de sa fille et malgré l’éclatement douloureux de la famille, l’effet désastreux que peuvent avoir les événements sur le mental des jeunes enfants, Camille refuse de juger Ronan et découvre à quel point elle est attachée à lui. Mais cette certitude d’aimer au-delà des limites de la trahison suffira-t-elle et n’y a-t-il pas derrière elle, pesante et menaçante, l’ombre noire du doute ?

Si Pio Marmaï convainc sans surprise en interprétant « proprement » le rôle du jeune père, l’essentiel du film repose sur Céline Sallette.

Il faudrait pour elle trouver une autre formule que celle d’ « une des meilleures de nos actrices ».

Car dans le paysage français, si Adèle Haenel, Anaïs Démoustiers et quelques autres sont dignes de cette appellation, Celine Sallette qui gagne en force et sensibilité à chacune de ses apparitions, atteint avec son interprétation de Camille dans «  Mais vous êtes fous  » un sommet qui la met hors compétition et la place hors de toute comparaison.

Mais pourquoi avoir choisi à ce film beau et profond, ce titre idiot qui risque de le desservir en prêtant à confusion et qui à toutes les chances d’annoncer au public une comédie insipide comme le cinéma français sait si bien en faire ?

Francis Dubois


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