Sam est journaliste indépendant. Il profite de sa culture musulmane pour infiltrer les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Au cours de ses investigations, il se rapproche d’un groupe de quatre jeunes gens à qui on a confié la mission de créer une cellule djihadiste chargée de commettre des attentats dans le centre de Paris. Sam doit contrôler sans cesse son comportement afin de ne jamais éveiller de soupçon chez ceux qui le considèrent comme étant des leurs. Il doit d’un autre côté faire face à la police qui lui a donné pour mission de remonter la filière jusqu’à la tête de l’organisation.

Le film s’ouvre sur le discours d’un responsable djihadiste mettant en garde un auditoire acquis à ses propos sur les effets négatifs de l’étalage du sexe dans la société occidentale et sur la nécessité pour une femme de rester chez elle et de s’en tenir à ses fonctions domestiques. Son discours extrémiste introduit la suite du récit, l’apparition à l’image des quatre protagonistes et dresse le profil de chacun d’eux : Christophe, un jeune breton récemment engagé, Driss le plus fougueux d’entre eux, un jeune malien, et Hassan le chef du groupe en apparence charismatique. Sam fait figure d’intellectuel et à ce titre, devient tête pensante du groupe.

Nicolas Boukhrief, contrairement à Philippe Faucon dans « La désintégration« , passe sur les raisons de l’embrigadement et les méthodes de recrutement des jeune djihadistes. Chez lui, lorsque le film commence, le groupe est constitué et déjà engagé dans une mission, celle de créer le chaos, par des attentats perpétrés dans le centre de Paris.

culture/cinéma
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Mais, très vite, « Made in France » s’engage sur la voie d’un thriller, un choix narratif intéressant dans la mesure où s’il est conduit selon les codes du genre, il garde intact le soin porté à la personnalité de chacun des membres du groupe, son degré d’implication dans les projets d’attentats, les fragilités masquées par la force d’un engagement aussi réel que fictif. La position de Sam, pris entre deux feux , le groupe qu’il a infiltré dont il doit garder la confiance et la police qui le presse de remonter la filière Djihadiste, distille un suspense constant d’autant plus efficace que le trait narratif n’est jamais forcé, que Nicolas Boukhrief reste d’un bout à l’autre à hauteur de ses personnages entre une détermination sans faille et les inévitables moments de doute. Le courage et l’engagement aveugle des protagonistes, dans une récit sous forme de thriller, pouvaient en faire des sortes de héros mais, dès lors que l’un d’eux meurt sous les balles, les certitudes se fissurent, les personnages atteignent leurs limites et lorsque celui d’Hassan qu’on croyait monolithique révèle un fanatisme réduit à un simple goût du pouvoir, Nicolas Boukhrief atteint son but : fournir une « vérité » sur ces hommes dont l’engagement repose sur d’autres valeurs que les règles d’une religion, une croyance dont les lignes sont ce qu’on en fait.

Ainsi Nicolas Boukhief réussit son film sur les deux fronts qu’il a engagés. « Made in France » est à la fois un thriller brillant sans surcharge d’effets et un récit efficace à propos d’un islamisme aveugle basé sur des motivations différentes. Les personnages échappent au cliché et la distribution est brillante avec, en tête, Malek Zidi dont le jeu tout en retenue, fait merveille.
Francis Dubois

« Made in France » ne sortira pas en salles suite à des difficultés de programmation liées au sujet du film portant sur une actualité brûlante, avec les attentats de 2015 (il a été tourné avant, en 2014).
« Made in France » sortira, via TF1 vidéo, le vendredi 29 janvier 2016 en exclusivité e-cinéma sur toutes les plateformes VaD.


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