Shimu est une jeune ouvrière qui travaille dans une usine textile à Dacca au Bangladesh. Soumise comme toutes les autres ouvrières à un rythme de travail infernal, elle décide un jour avec quelques unes de ses collègues d’atelier, de monter un syndicat malgré les menaces de la hiérarchie et le désaccord de son mari, qui en dépit de sa gentillesse, voit d’un mauvais œil son épouse s’engager sur la voie de la contestation. Elles seront un groupe d’ouvrières à la suivre, solidaires, déterminées à aller jusqu’au bout.

Rubaiyat Hossain s’intéresse depuis longtemps à la condition des femmes. Dans son précédent film «  Les lauriers roses rouges » , alors que le personnage principal était une comédienne de théâtre à la recherche d’un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle, apparaissait au second plan de l’histoire, une jeune femme qui quittait son emploi de domestique pour aller travailler dans un atelier de couture. Et c’est ce personnage interprété par la même comédienne qui est devenu aujourd’hui la Shimu de « Made in Bangladesh  ».

Cinéma : Made in Bangladesh
Cinéma : Made in Bangladesh

Des années de recherches sur les ateliers de couture au Bangladesh ont permis d’écrire avec une grande justesse et fidélité à la réalité, le scénario de «  Made in Bangladesh  ». Ces jeunes femmes ont entre 18 et 30 ans et les conditions de travail dans les ateliers sont telles qu’il leur est le plus souvent impossible de continuer à travailler au-delà de la trentaine, tant elles souffrent de douleurs d’épaules et de dos, de déformations du corps. Leur rémunération mensuelle n’ayant jamais dépassé cent euros, elles auront, pendant leur période d’activité professionnelle, vécu dans une demi misère.

Le situation de la femme au Bangladesh est paradoxale. Le pays est dirigé par une femme. Le chef de l’opposition est une femme et c’est une femme qui préside l’Assemblée. A cela s’ajoute que dans l’industrie textile qui intervient fortement dans l’économie du pays, 80% des ouvriers sont des femmes. 60% des habits vendus en France sont fabriqués dans des usines bangladaises pour un gigantesque business de 30 Milliards par an.

Le récit de«  Made in B a ngladesh  » suit une ligne exemplaire pour dénoncer, à travers la prise de conscience et bientôt la lutte de Shimu, les conditions de travail dans les usines de vêtements et la nécessité d’entrer dans la contestation frontale vis à vis des abus et de l’exploitation d’une main d’œuvre soumise et dont les lendemains sont incertains.

Le film de Rubaiyat Hassein reste de bout en bout très prêt de son sujet et le personnage de Shimu est quasi en permanence à l’image.

Pourtant les personnages secondaires ne sont pas pour autant négligés et chacun, qu’il soit dans la lutte ou dans l’observation passive apporte sa part de poids à l’histoire.

Un film indispensable pour les consommateurs que nous sommes et qui achetons des vêtements dans les dépôts de vente les plus populaires.

Le prix de deux ou trois pièces d’habillement courant équivaut au traitement mensuel d’une ouvrière…

Francis Dubois


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu