Le dessinateur Mathieu Sapin, auteur de la savoureuse BD « Gérard, cinq ans dans les pattes de Depardieu » parue chez Dargaud, et son compagnon de route, Gary Candan, prennent la route et rencontrent ici et là, ceux qu’on appelle «les exploitants de salles».
De ville en ville, Mathieu Sapin va découvrir la diversité d’un monde qui se bat pour la survie du cinéma et l’envers du décor d’un modèle d’existence et de fonctionnement que le monde entier nous envie.
A l’occasion de séances-débats qui accompagnaient son film « Ce n’est qu’un début» , Jean-Pierre Pozzi est intervenu dans des cinémas des grandes villes, de villes moyennes mais également dans de petits cinéma du fin fond de la France.
C’était le grand bouleversement de l’arrivée du numérique alors que la technologie n’avait pas changé depuis l’invention du cinéma. Les projecteurs partaient à la casse et de nombreux exploitants se posaient la question de leur devenir.
Cette tournée de séances-débats a été pour le réalisateur l’occasion de découvrir beaucoup de salles et un domaine inconnu.
L’idée d’un film est née de ces différentes rencontres. Mais il fallait trouver, pour que le film ne soit pas qu’une simple succession de témoignages, un support narratif. C’est alors que l’idée du road-movie s’est imposée.
Il s’agissait de trouver quelqu’un pour incarner le fil conducteur du sujet entre les entretiens, un personnage derrière lequel le réalisateur pouvait se cacher.
C’est alors que Mathieu Sapin s’est imposé. Son humour, l’acuité de son regard et son crayon à la fois tendre et moqueur allaient apporter ce qu’il fallait de distanciation. Le dessinateur est devenu le personnage du film et comme dans ses bandes dessinées, il a créé un personnage de lui-même…
Le film montre à quel point, contrairement à l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne ou l’Angleterre, le modèle français de maintenir des salles de proximité a toujours été défendu par les pouvoirs publics toutes appartenances politiques confondues.
Partout en France, petite ville, voire village, il existe un cinéma en activité. Le système est ce qu’il est, les conditions de projection sont parfois ce qu’elles sont, il tient comme il tient ; souvent tenu à bout de bras par un personnel cinéphile et dévoué et un public fidèle.
Mais en attendant, le cinéma est là.
Les deux personnages de Mathieu Sapin et de Gary Candan se sont lancés dans ce road-movie depuis le Languedoc-Roussillon en remontant vers le nord via la vallée du Rhône, la région parisienne, la Normandie et la Bretagne à bord d’une vieille Ford improbable datant du siècle dernier…
Le résultat a un côté un peu bricolé, bon enfant qui s’accorde bien avec la partie documentaire et même s’il y a une certaine mélancolie dans tout ça, on ne ressent tout au long aucune nostalgie.
«Macadam Popcorn» est un film résolument optimiste. Il est accompagné par l’énergie des exploitants, leur bonne humeur, leur confiance en l’avenir.
La présence du duo de personnages n’est pas étrangère à l’impression de bonheur simple que distille le film.
Le film est saupoudré, ça et là, de séquences d’animation qu’on voit naître sous le crayon espiègle de Mathieu Sapin.
C’est bien réjouissant ce regard sur une France apaisée, le temps d’un film…
Francis Dubois
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