Il se nomme Icare mais sa mère l’a affublé du surnom de Courgette. Devenu orphelin, il est envoyé au Foyer des Fontaines où, entouré d’autres enfants qui sont là parce qu’ils ont, eux aussi, vécu des histoires compliquées et douloureuses, il va connaître l’amitié et découvrir qu’on peut aussi faire confiance aux adultes quand ils sont comme Raymond, le policier plein d’humanité, madame Papineau, la directrice de l’établissement stricte mais juste ou Rosy, l’éducatrice généreuse et dynamique.
Autour de Courgette, le garçon aux cheveux bleus, candide mais déterminé, Claude Barrois et Céline Sciamma (« La naissance des pieuvres « , « Tomboy » ) sa co-scénariste ont dressé une galerie de portraits d’enfants finement dessinés.
Pour Camille, les poupées, très peu pour elle. La gamine qui n’a pas froid aux yeux préfère le foot ou pratiquer l’art de la répartie.
Simon est un dur au cœur tendre qui, après avoir fait subir à Courgette l’épreuve d’un bizutage en règle, deviendra son meilleur ami.
Ahmed est un garçon lunaire, boute-en-train malgré lui et Jujube son inséparable est tellement glouton qu’il dévore jusqu’à son dentifrice.
Alice qui se cache derrière sa mèche parle peu et Béatrice elle, est toujours prête à prendre la défense des uns et des autres.
« Autobiographie d’une courgette « , dont « Ma vie de courgette » est l’adaptation en film d’animation, est un roman de Gilles Paris qui s’adressait plutôt aux jeunes adultes et aux parents.
Claude Barrois et Céline Sciamma ont voulu élargir le public aux plus jeunes en évitant le piège du journal intime qui était la pente naturelle.
En prenant de la distance avec le réalisme des situations, la mise du sujet en animation confère au film une dimension universelle et atemporelle.
Les têtes disproportionnées des personnages, les grands yeux ronds qui sont le seul élément dont ils disposent pour exprimer une large gamme de sentiments, conduisent à une sympathie spontanée
Les dialogues ont la spontanéité du langage actuel distillé sans excès ni provocation et les décors bricolés ont une grande force d’évocation.
La mise en animation de « Ma vie de Courgette » est un tour de force, une réalisation virtuose, magnifique de sobriété toute en drôlerie et émotion.
Par quel tour de magie, Claude Barrois a réussi avec des figurines aux grands yeux ronds, dans des décors d’une grande simplicité, élaborés de façon très artisanale, à « emballer » le public exigeant du Festival de Cannes ?
Outre l’ovation cannoise lors de la présentation à La quinzaine des réalisateurs, le film a été doublement primé à Annecy (Prix du public – Cristal du long métrage) et gageons qu’il séduira un public nombreux, toutes générations confondues.
Le film de Claude Barrois mérite qu’on lui consacre le temps de sa durée, à peine une heure….
Magnifique !
Francis Dubois
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