Anne et Adam, un jeune couple de parisiens tous deux d’origine juive polonaise, ont décidé de répondre à une invitation qu’ils ont reçue pour assister à la commémoration du soixante quinzième anniversaire de la destruction de la communauté juive du village dont le grand père d’Adam était originaire. Si Adam est peu enthousiaste à l’idée de ce voyage, Anna est surexcitée à l’idée de découvrir cette terre qui est aussi celle de sa grand mère.

Les voilà partis à la recherche de leurs origines dans un voyage plein de surprises durant lequel ils ne trouveront pas exactement ce qu’ils étaient venus chercher.

Cinéma : Lune de miel
Cinéma : Lune de miel

Elise Otzenberger avait effectué à Zgierz petite ville de centre de la Pologne dont étaient originaires ses aïeux, un séjour qui l’a marqué au point qu’au moment de choisir le sujet du premier film qu’elle réaliserait, c’est vers cet épisode de sa vie qu’elle s’est tournée.

La date de la commémoration à laquelle elle fut conviée tombait trois semaines après celle de son mariage. Elle s’y est donc rendue avec son mari et cette coïncidence explique le titre du film.

Longtemps pendant le temps de l’écriture, Elise Otzenberger a voulu rester la plus fidèle possible au déroulement du voyage qu’elle avait effectué à Zgierz mais elle a été poussée par la force du cinéma à y introduire des éléments de pure fiction.

La trame de «  Lune de miel  » est celle d’une comédie et même si le résultat final se veut largement teintée d’émotion, elle devait répondre aux codes du genre.

Et si, en dépit d’une indéniable sincérité de ton, le film d’Elise Ortzenberger a quelque peine à trouver le rythme qui conviendrait pour faire face à la fois au divertissement et à la gravité du sujet, il doit plus aux personnages annexes de l’histoire qu’à celle du couple et plus encore celle d’Anna dont la cinéaste a voulu faire son personnage central et que Judith Chemla, en roue libre, abîme par une interprétation très « inspirée » qui se veut à la fois loufoque et à fleur de peau, mais qui le plus souvent, tombe à plat.

Si Arthur Igual (un nouveau venu au cinéma repéré en 2017 dans «  Jours de France  » et dont le nom est à retenir) reste légèrement en retrait et tire son épingle du jeu, Brigitte Rouan qui interprète la mère d’Anna illumine, à chacune de ses apparitions, le film qui doit beaucoup, même s’ils composent des personnages très épisodiques, à André Wilms, Isabelle Candelier et Antoine Chappey.

Cependant, malgré ces réserves, le sujet central du film est sauf et ce pèlerinage même s’il est hésitant, ce retour aux sources remplit son contrat en levant le voile sur ces non-dits reconduits, ces silences qui cherchaient sans doute à protéger ceux qui étaient revenus des camps, à se protéger eux-mêmes et à mieux s’intégrer à la société du pays d’accueil.

La résolution du malentendu entre la mère et la fille sert de conclusion à cette histoire qui, même si elle est traitée avec certaines maladresses, garde son pouvoir de mémoire et sa force.

Francis Dubois


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